Pétrole: la faiblesse des prix constitue une aubaine pour les transporteurs
Armateurs et propriétaires de navires bénéficient de frais opérationnels allégés par de moindre coûts des carburants.
"L'Agence internationale de l'énergie (AIE) table pour la fin de l'année sur une offre toujours excédentaire par rapport à la demande", illustre Rouben Indjikian, professeur en négoce de matières premières à la Webster University.
Le marché reste marqué d'une part par l'abandon l'an dernier par l'Arabie Saoudite de son rôle de garant des prix, sur fond de pertes de parts de marché. D'autre part, les Etats-Unis se sont octroyé la place de premier producteur de brut au monde, grâce à l'exploitation non-conventionnelle de leurs ressources. De nouveaux acteurs se profilent en outre comme de sérieux concurrents dans un avenir proche.
"Les investissements massifs au Canada laissent augurer de nouveaux flux importants, qui s'écouleront nécessairement sur le marché", indique Giacomo Luciani, professeur au Graduate Institut de Genève.
PROBLÈMES AU NIVEAU DE LA RÉGULATION
De nombreux obstacles entravent de plus la réduction de l'offre. "Rosneft par exemple a conclu de nombreux contrats prépayés en Chine et doit en conséquence extraire et exporter les volumes commandés afin d'honorer ses engagements", expose M. Luciani. S'il reste difficile d'évaluer l'évolution des prix à plus longue échéance, nombre d'acteurs ont tendance à accélérer à court terme leur distribution en période de prix faibles, afin de s'assurer des revenus constants.
D'autres enjeux de taille se profilent en revanche pour l'industrie du transport maritime des matières premières, prévient Stéphane Graber, secrétaire général de la Swiss Trading and Shipping Association (STSA). Sur le front des régulations notamment, les normes négociées ou adoptées en Europe comme en Suisse tendent à décourager les banques de s'engager dans un segment toujours pus exigeant. "Les autorités suisses se montrent toutefois très pragmatiques dans leur approche de la question", assure le lobbyiste.
Des pressions s'exercent par ailleurs, comme sur l'ensemble de la chaîne de production et de distribution des matières premières, pour une transparence accrue et un impact moindre sur l'environnement. Le nombre élevé de transporteurs exacerbe enfin la pression sur les marges.
Selon les derniers chiffres du STSA, plus d'un cinquième de l'ensemble des mouvements de matières premières sont gérés depuis la Suisse.
(c) AFP