Les prix du pétrole sont soutenus par des déséquilibres temporaires, avertit l'AIE
Les déséquilibres sur le marché des produits raffinés sont probablement un des facteurs clés de la récente solidité des prix du pétrole, et cette source de soutien pourrait bien disparaître bientôt, estime l'agence, dans son rapport mensuel sur le pétrole.
Après avoir chuté de 60% entre juillet 2014 et début 2015, les cours du brut ont rebondi en mars et avril, encouragés par la réduction du nombre de forages et l'arrêt de la hausse des stocks aux Etats-Unis. Depuis quelques semaines, ils se sont stabilisés autour de 60 dollars pour le baril de WTI (référence aux Etats-Unis) et de 65 dollars le baril pour le Brent de la mer du Nord.
Certes, la croissance de la demande a été plus forte que prévu depuis le début de l'année, avec une hausse de 1,7 million de barils par jour (mb/j) au premier trimestre, son rythme le plus élevé depuis quatre ans, après une progression d'environ 700.000 mb/j sur l'année 2014.
Mais cette hausse, encouragée par la reprise économique mondiale, la baisse des prix du pétrole et un hiver plus froid que l'an dernier, est faible au regard de l'essor de l'offre mondiale, qui a grimpé de 3,1 mb/j sur la même période, note l'agence basée à Paris.
Malgré des signes de ralentissement de l'offre des pays hors Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole), en particulier aux Etats-Unis, la croissance de la production mondiale reste exceptionnellement élevée, observe-t-elle.
Si cette situation fait grimper les stocks, leur répartition par type de produit raffiné et par région ne correspond pas à celle de la demande, et, c'est cette disparité entre offre de produits et demande de produits qui semble avoir soutenu les prix des produits raffinés et, indirectement, du pétrole brut, analyse l'AIE, qui défend les intérêts des pays consommateurs.
De façon générale, le marché du raffinage est en situation de surcapacité, mais à court terme, des retards et des avaries sur les projets empêchent les raffineurs émergents des pays hors de l'OCDE de répondre à la croissance de la demande locale, tandis que les restructurations ont significativement réduit les capacités (de raffinage) dans l'OCDE, détaille l'agence.
Lorsque les raffineries en construction atteindront leur plein potentiel de production, cette rareté relative devrait donc disparaître, tout comme le soutien qu'elle apporte aux cours du brut, avertit-elle.
- Prévisions relevées
L'AIE a par ailleurs relevé sa prévision de la demande mondiale de pétrole pour 2015 à 94 millions de barils par jour, soit une croissance de 1,4 mb/j en 2015, contre 1,1 mb/j estimés le mois dernier.
Le rythme devrait toutefois s'assagir un peu par rapport au 1,7 mb/j de croissance du premier trimestre.
L'Opep a pour sa part annoncé mercredi une prévision un peu plus prudente, d'une croissance de 1,18 mb/j à 92,5 mb/j.
Selon l'AIE, la production non-Opep devrait elle augmenter de 1 mb/j - au lieu de la croissance de 830.000 barils prévue il y a un mois - à 58 mb/j, alors que le niveau de production résiste mieux qu'estimé aux Etats-Unis et qu'il devrait y avoir moins de fermetures pour maintenance cet été en mer du Nord et dans l'ex-Union soviétique.
Les prix faibles du pétrole et la chute des investissements mettent du temps à se matérialiser par un fléchissement de l'offre non-Opep, observe l'AIE.
Au sein de l'Opep, qui a maintenu vendredi dernier, comme attendu, son plafond de production collectif à 30 millions de barils par jour, les volumes produits ont encore progressé en mai pour atteindre 31,33 mb/j, un plus haut depuis août 2012, souligne l'AIE.
Et à moins d'interruptions de production imprévues, l'Opep devrait continuer à pomper environ 31 mb/j au cours des prochains mois, les producteurs du Moyen-Orient maintenant des niveaux élevés pour préserver leurs parts de marché et faire face à la demande intérieure durant l'été, estime l'agence.
(c) AFP