Le pétrole se stabilise grâce à des attentes de rééquilibrage
Vers 11H10 GMT (12H10 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril valait 62,06 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 54 cents par rapport à la clôture de vendredi.
Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en mars grignotait 3 cents à 52,81 dollars.
Les attentes d'un énorme ralentissement de la production américaine sont clairement responsables de cet impressionnant rebond, notaient les analystes de Commerzbank.
Ces espoirs d'une baisse de la croissance de la production américaine, qui a atteint de nouveaux records depuis au moins 1983 la semaine dernière, étaient aidés par la baisse du nombre de puits de forage en activité aux États-Unis.
Selon le décompte publié vendredi par le groupe parapétrolier Baker Hughes, très attendu des opérateurs de marché ces dernières semaines, il y avait 84 plateformes en activité de moins la semaine dernière aux États-Unis, portant le nombre total d'unités en fonction à 1.056.Le nombre de puits en activité a baissé pour la dixième fois consécutive, une première depuis le début de ces statistiques en 1987, et la dernière fois que le compte était si bas remonte à août 2011 d'après les analystes de Commerzbank.
L'annonce de la baisse des investissements dans le secteur pétrolier continuait également de soutenir les cours du pétrole.
En effet, depuis la fin du mois dernier, les géants pétroliers, comme Chevron, Total, BP et Royal Dutch Shell, ont annoncé tour à tour des diminutions de leurs budgets d'investissement et d'exploration, ce que certains opérateurs voient comme un signe annonciateur d'un nouveau déficit d'offre sur le marché.
Mais pour Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque, ces réductions budgétaires n'auront pas d'impact sur l'offre avant plusieurs mois.
C'est surtout à moyen et à long terme que la baisse des investissements décidée par plusieurs compagnies pétrolières de premier plan pourrait avoir une influence à la hausse significative sur les cours. Cela ne pourrait être réellement perceptible que d'ici plusieurs semestres, notait M. Dembik.
De plus, pour l'analyste, la reprise économique demeure encore trop faible, notamment en zone euro, pour créer l'électrochoc sur ce marché souhaité par de nombreux pays exportateurs de pétrole.
Pour beaucoup d'analystes cette hausse des prix ne trouve pas de réelle justification si l'on regarde les fondamentaux de marché.
Ce rebond des cours arrive à un drôle de moment si l'on considère que l'excédent de brut ne va atteindre son pic qu'en avril et que la production américaine continue de croître malgré toutes les coupes budgétaires et la baisse du nombre de plateformes aux États-Unis, notaient les analystes de JBC Energy.
Mais les achats de brut liés au report actuel dans le marché, lorsque les prix du pétrole au comptant sont plus bas que les cours du pétrole dans le futur, apporte du soutient à l'or noir.
Des gros volumes de pétrole sont retirés du marché et entreposés, à tel point que l'Agence internationale de l'énergie (AIE) estime que les stocks de l'OCDE devraient atteindre des niveaux plus vus depuis 1998, soulignaient les experts du courtier PVM.
Cependant, le fait même que de larges volumes soient stockés par les opérateurs de marché souhaitant profiter du report en revendant à meilleur prix des barils achetés à bas prix, devrait ralentir la hausse des cours.
L'impact naturel du stockage est de retirer un peu de pression sur les prix du pétrole dont la date de livraison est proche, en l'étalant sur l'ensemble de la courbe des prix, ce qui modère tout rebond, expliquaient les analystes de PVM.