Les dépréciations d'actifs font plonger Statoil dans le rouge
Au premier trimestre, la compagnie a essuyé une perte nette de 35,5 milliards de couronnes (4,2 milliards d'euros), bien loin du bénéfice net de 23,6 milliards dégagé à la même période de l'an dernier, quand le prix du pétrole tournait autour de 100 dollars le baril.
Référence du marché, le bénéfice net ajusté a quant à lui fondu de plus de moitié à 7 milliards de couronnes contre 15,8 milliards au premier trimestre 2014, mais ressort nettement au-dessus des attentes des analystes qui tablaient sur 4,6 milliards.
La compagnie a indiqué avoir déprécié ses actifs de 46,1 milliards de couronnes, essentiellement dans les hydrocarbures non conventionnels aux États-Unis, que les coûts d'exploitation élevés rendent moins rentables en période de baisse des cours.
Nous avons une approche prudente en raison des incertitudes sur le marché des matières premières, a déclaré le directeur général Eldar Saetre, confirmé en début d'année dans ses fonctions après avoir assuré l'intérim suite au départ de Helge Lund chez le britannique BG.
Les qualités fondamentales des actifs et leurs performances opérationnelles demeurent inchangées, a-t-il ajouté.
Les analystes jugent cependant sévèrement l'irruption de Statoil, spécialiste de la production en eaux profondes, dans les hydrocarbures non conventionnels (gaz de schiste, sables bitumineux...) à terre.
Ç'a été un mauvais investissement, estime Trond Omdal chez Pareto. C'est un domaine où ils n'ont pas de compétences particulières, a-t-il déclaré sur la chaîne TV2.
Comme ses rivales, Statoil a pâti de la chute du prix du pétrole qui, une fois converti en couronnes norvégiennes, a plongé de 40% sur un an.
Pour cette même raison, les majors française Total et britannique BP avaient rapporté mardi un recul de leur bénéfice net ajusté, de 22% pour la première (à 2,6 milliards de dollars) et de 40% pour la seconde (2,1 milliards de dollars). Mais leurs résultats avaient eux aussi dépassé les attentes.
Parallèlement à la chute des cours, Statoil a vu sa production d'hydrocarbures progresser de 4% pour atteindre 2,056 millions de barils équivalent-pétrole par jour (Mbep/j).
Suivant la tendance du secteur, le groupe détenu à 67% par l'État norvégien a, en début d'année, sabré de 10% ses prévisions d'investissements cette année, à 18 milliards de dollars. Il espère aussi dégager 1,7 milliard de dollars d'économies à compter de 2016.
Confronté à des coûts encore très élevés après une décennie de boom pétrolier, Statoil pourrait supprimer 2.400 emplois, soit plus de 10% de ses effectifs, rapportait la presse norvégienne mi-avril. En 2014, quelque 1.950 emplois avaient déjà été supprimés, externalisés ou redistribués au sein de la compagnie.
Jugeant que sa situation financière restait robuste, Statoil a néanmoins décidé de verser un dividende pour le trimestre de 1,80 couronne par action.
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(c) AFP