Pétrole: la crise au Moyen-Orient fait monter les prix, craintes pour les détroits
L'Arabie saoudite et des pays alliés ont lancé jeudi une intervention militaire au Yémen pour contrer l'avancée de rebelles chiites soutenus par l'Iran.
Les prix de la référence européenne du brut, le Brent, ont gagné près de 6% à leur plus haut jeudi (59,78 dollars le baril) par rapport à la clôture de mercredi, aidés par la crise au Moyen-Orient.
Le gain a été encore plus manifeste pour le WTI, la référence américaine du brut, qui a grimpé à 52,48 dollars le baril en début d'échanges européens, prenant ainsi près de 7% par rapport à mercredi.
Guerre et pétrole ne font pas bon ménage à moins que vous ne pariez sur une hausse des cours dans un marché qui dégringole, auquel cas une guerre au Moyen-Orient est exactement ce que vous voulez, ont souligné les analystes du courtier PVM.
Les cours du Brent ont chuté de près de 50% depuis le mois de juin, plombés par la surabondance d'offre d'or noir sur les marchés et une demande morose. Ce n'est pas vraiment le risque d'une baisse de la production du Yémen qui a aidé les marchés ce jeudi.
Le Yémen n'a pas une grande importance comme producteur de pétrole, car son offre a décliné à juste 100,000 barils par jour (bj) récemment, en partie à cause de la situation instable du pays, a expliqué Ole Hansen de Saxo Bank.
La hausse des cours à plus à voir avec le fait que le principal exportateur de pétrole au monde, l'Arabie saoudite, soit entré en guerre, et aussi avec la position géographique stratégique du Yémen.
- Contrôle des détroits -
Le détroit entre ce pays et Djibouti, Bab el-Mandab, voit passer près de trois millions de barils par jour (mbj) de brut. Le pétrole qui passe par le détroit s'en va plus au nord via le canal de Suez ou l'oléoduc Sumed.
Toute détérioration de la sécurité dans cette région allongerait considérablement les temps de transports de brut, a noté Carsten Fritsch, analyst chez Commerzbank.
Le conflit a également ravivé les craintes sur de possibles représailles de l'Iran, qui pourrait de nouveau menacer de fermer le détroit d'Ormuz, un passage stratégique pour le trafic international de navires pétroliers.
Près de 30% du pétrole expédié par voies maritimes passe par ce détroit qui mesure 34 kilomètres à son point le plus étroit.
Mais je ne crois pas que la guerre va s'étendre. Nous avons vu de plus grosses guerres par le passé (...) sans que les détroits ne ferment, a tenté de rassurer Abdulwahab Abu-Dahesh, un économiste saoudien.
Et selon Kamel al-Harami, analyste chez Kuwaiti Oil, il est peu probable que l'Iran mette ses menaces à exécution. Les Iraniens sont prêts à tout faire pour que leurs sanctions soient levées.
Placé sous l'égide de l'Union européenne (UE), le groupe 5+1 (États-Unis, Chine, Russie, Royaume-Uni, France, et Allemagne) s'est donné jusqu'au 31 mars pour sceller un règlement qui garantirait que l'Iran ne possèdera jamais la bombe atomique, en échange d'une levée des sanctions imposées au pays.
Un accord avec l'Iran et une levée de sanctions économiques, y compris sur le secteur pétrolier, pourraient amener le pays à exporter autour d'un million de bj de plus, alors que le marché du pétrole est déjà plombé par la surabondance d'offre.
En terme de production, nous pensons que le risque d'une augmentation de l'offre iranienne est plus important que le risque d'une fermeture du détroit de Bab el-Mandab, a souligné Olivier Jakob, de Petromatrix.
Le risque géopolitique devrait continuer à supporter un peu les prix à court terme. Mais le monde est toujours inondé de pétrole, a conclu M. Hansen.