Le pétrole baisse lesté par la hausse des stocks américains
Vers 17H15 GMT (18H00 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril valait 60,12 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 37 cents par rapport à la clôture de mercredi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance perdait 87 cents à 51,27 dollars.
Les cours de l'or noir ont baissé pour une deuxième journée consécutive entraînés dans un élan baissier. Les statistiques sur les réserves ne font que confirmer les craintes des investisseurs pariant sur une baisse des cours, et les opérateurs de marchés se préparent à une nouvelle chute, notait Chris Beauchamp, analyste chez IG.
Les stocks de pétrole brut ont progressé plus que prévu la semaine dernière aux États-Unis, atteignant un nouveau plus haut depuis 1982, selon des chiffres publiés jeudi par le département américain de l'Énergie (DoE).
Habituellement publiés le mercredi, ces chiffres ont été repoussés au lendemain, en raison d'un jour férié lundi.Lors de la semaine achevée le 13 février, les réserves de brut ont augmenté de 7,7 millions de barils, soit plus du double par rapport au trois millions estimés par les analystes interrogés par l'agence Bloomberg.
De plus, les stocks d'essence ont enregistré une hausse inattendue, de 500.000 barils, alors que les analystes s'attendaient à un recul de 250.000 barils.
Les réserves de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage) ont en revanche baissé, de 3,8 millions de barils, soit plus que le déclin de 1,1 million qui était prévu, en partie grâce à l'hiver rigoureux qui sévit sur la côte est des États-Unis.
Malgré tout, nous expérimentons un petit rebond car la hausse des stocks n'est pas aussi grosse que celle estimée par la fédération professionnelle du secteur API (à 14,3 millions de baril pour le brut, NDLR), relevait Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank.
Mais pour l'analyste, il n'y avait pas de quoi ce réjouir jeudi pour les opérateurs misant sur un rebond des cours.
La production continue de grimper malgré la baisse notable du nombre de plateformes en activité au États-Unis ces dernières semaines, soulignait-il.
La production américaine s'est en effet établie à 9,280 millions de barils par jour (mbj), accélérant par rapport à la semaine précédente, et battant un nouveau record depuis 1983 au moins, lorsque le DoE a commencé à faire paraître ces statistiques.
Le niveau des réserves explose les compteurs à l'échelle du pays, mais surtout à Cushing (Oklahoma, centre-sud), indiquait M. Hansen.
Surveillées de près par les courtiers, les réserves du terminal pétrolier de Cushing, qui servent de référence au pétrole échangé à New York, le WTI, ont bondi de 3,7 millions de barils, à 46,3 millions.
Ce gonflement des stocks à Cushing affecte donc tout particulièrement les cours du WTI qui ont, à leur plus bas jeudi, perdu près de 3 dollars le baril par rapport à la clôture de mercredi.
Si les stocks continuent d'augmenter à cette vitesse à Cushing, les réserves pourrait atteindre leur capacité maximale à la mi-avril ou fin-avril, ce qui exercera encore plus de pression sur le WTI, soulignait Abhishek Deshpande, analyste chez Natixis.
En effet, si le brut ne peut plus être stocké, les producteurs devront trouver preneur sur les marchés, au risque de brader leur pétrole.