Shell réduit ses investissements de 15 milliards de dollars en pleine chute des cours
Les cours du pétrole ont baissé d'environ 60% depuis la mi-juin et, comme de nombreuses majors et fournisseurs du secteur, le groupe anglo-néerlandais est contraint de se serrer un peu la ceinture.
L'entreprise reporte des dépenses dans de nombreux domaines (...) se retire de quelques positions ciblées et réduit ses coûts tout le long de la chaîne d'approvisionnement. Cela devrait entraîner une réduction des investissements potentiels de plus de 15 milliards de dollars pour la période 2015-2017, a expliqué le groupe dans un communiqué.
Le directeur général de Shell, Ben van Beurden, a évoqué le report ou l'annulation de 40 projets pendant ces trois années. Il ne s'est pas attardé en détail, se refusant à chiffrer ces changements en terme de suppressions d'emplois, mais a dit vouloir de la flexibilité dans la mise en place de certains projets déjà en cours.
Nos projets du Golfe du Mexique seront menés mais lorsque nous devrons prendre les décisions (finale d'investissement), nous les prendrons en tenant compte de leur soutenabilité à ce moment précis, a-t-il ainsi précisé lors d'une conférence de presse.
Des projets au Nigeria seront repoussés et Shell s'est d'ores et déjà retiré d'un un projet en eau profonde au Brésil. Mi-janvier, le groupe avait annoncé avec son partenaire Qatar Petroleum qu'ils renonçaient à l'important projet pétrochimique Al-Karaana au Qatar, d'une valeur de 6,4 milliards de dollars, et dans lequel le groupe anglo-néerlandais devait posséder 20%.- Ne pas céder à la panique -
Nous avons fixé dès le début 2014 un objectif clair d'équilibrer notre croissance et nos retours sur investissements, ce qui nous place bien face au retournement du marché du pétrole, a souligné M. van Beurden, en référence à un premier tour de vis qui avait vu Shell mettre un terme à certaines ambitions pharaoniques en Alaska.
Cependant, les prix plus bas du pétrole et l'impact de nos désinvestissements en 2014 vont sans doute réduire notre flux de trésorerie cette année, a prévenu le directeur général.
Ne souhaitant pas céder à la panique face à la chute du prix du baril, il a expliqué que les décisions d'investissement étaient prises aussi en tenant compte des possibles évolutions des cours sur le long terme. Shell a ainsi signé mercredi un accord de principe pour la construction d'une grande usine dans le sud de l'Irak, dont le montant pourrait atteindre 11 milliards de dollars.
Ces engagements de prudence n'ont pas suffi à rassurer le marché, où l'action Shell chutait jeudi de 4,62% à 2.054 pence à Londres en milieu de journée, les investisseurs semblant déçus des résultats présentés.
Le bénéfice net du groupe a diminué de 8% en 2014, à 15,052 milliards de dollars (13,263 milliards d'euros au taux de change actuel), et surtout a plongé de 57% lors du seul quatrième trimestre au cours duquel ses revenus ont été affectés par le déclin significatif des prix du pétrole.
Le profit annuel de Shell ajusté des coûts d'approvisionnements (CCS) (c'est à dire en excluant les variations des cours du baril) et hors éléments exceptionnels, un indicateur scruté par le marché, a néanmoins augmenté de 16%, à 22,5 milliards de dollars, et de 12% lors du seul dernier trimestre 2014. Mais le marché attendait mieux.
Shell a élevé de 2 cents le dividende par action versé aux actionnaires au quatrième trimestre, à 47 pence par action, et pense pouvoir distribuer le même au premier trimestre 2015.
Le groupe est loin d'être le seul à souffrir du plongeon des cours. La firme d'exploration Soco International, basée à Londres, a annoncé jeudi une baisse de plus de moitié de ses investissements en 2015 et le groupe pétrolier autrichien OMV une réduction d'un quart à moyen terme. Le fabricant français de tubes sans soudure Vallourec, important fournisseur des compagnies pétrolières, a dévoilé pour sa part une dépréciation de plus d'un milliard d'euros.
pn/jmi/spi