Le pétrole pas suffisant pour soutenir l'économie mondiale, selon le FMI
La baisse des prix du pétrole (...) donnera un coup d'accélérateur à la croissance mondiale. Mais cette impulsion devrait être plus que compensée par des facteurs négatifs, notamment la faiblesse de l'investissement, écrit le Fonds monétaire international.
Faisant à peine mieux qu'en 2014, le produit intérieur brut (PIB) mondial ne devrait plus progresser que de 3,5% en 2015 et de 3,7% en 2016, marquant dans les deux cas un repli de 0,3 point par rapport aux projections d'octobre, selon le FMI.
D'après l'institution, la chute spectaculaire des prix du baril, qui ont dégringolé d'environ 55% depuis septembre, va globalement profiter à l'ensemble des pays importateurs de brut mais sans toutefois masquer les divergences croissantes en leur sein.
Portés par une économie florissante, les Etats-Unis confirment leur statut de locomotive mondiale en étant la seule grande économie à voir ses prévisions relevées cette année (+3,6%, en hausse de 0,5 point par rapport à octobre), indique le Fonds.
La zone euro est, elle, promise à un sort moins enviable. Menacée de déflation et de stagnation, son économie ne devrait progresser que 1,2% (-0,2 point) cette année, précise le Fonds à l'heure où la Banque centrale européenne pourrait annoncer jeudi de nouvelles mesures pour relancer l'activité.La réponse de la politique monétaire reste trop lente en Europe, tacle au passage le FMI -- qui ne mentionne pas le récent coup de tonnerre provoqué par la banque centrale suisse.
L'institution fait aussi part de son pessimisme pour le Japon, dont à ce stade le potentiel de croissance est à moyen terme très très bas, pénalisé par une demande interne et extérieure décevante, a observé le chef économiste du FMI, Olivier Blanchard, lors d'une conférence de presse à Pékin.
L'institution mise sur une croissance nippone de tout juste 0,6% en 2015 (-0,2 point).
- Récession russe -
L'optimisme n'est par ailleurs guère de mise pour la plupart des pays émergents et en développement, dont les monnaies se sont affaiblies et dont les perspectives se sont assombries depuis octobre, énumère le Fonds.
Deuxième puissance économique mondiale, la Chine devrait, elle, connaître une nette décélération cette année en raison principalement d'un ralentissement de l'investissement, selon le FMI.
Sa croissance économique devrait désormais s'établir à 6,8% cette année, soit sa plus faible progression depuis 1990, avant de ralentir encore davantage en 2016 à 6,3%, indique le Fonds.
Ce tassement de la Chine aura un impact négatif pour ses partenaires commerciaux, en particulier dans le reste de l'Asie, a prévenu M. Blanchard.
Le FMI se montre bien plus pessimiste pour le Brésil, affaibli par des sorties de capitaux et qui ne devrait échapper que de peu à la récession cette année (+0,3% de croissance, -1,1 point par rapport à octobre).
C'est toutefois la Russie qui devrait connaître le plus de turbulences. Malmené par la chute des cours du pétrole et par les sanctions économiques liées à l'Ukraine, le pays voit sa prévision sabrée de 3,5 points et devrait voir son PIB se contracter de 3% cette année.
Les risques liés aux tensions géopolitiques, notamment en Ukraine, placée sous perfusion financière du FMI, restent d'ailleurs élevés, souligne également l'institution.
Les pays émergents ne sont toutefois pas au bout du chemin, prévient le FMI. De nouveaux accès de volatilité pourraient déstabiliser leur économie, notamment si la Banque centrale américaine décidait, comme attendu par les marchés, de relever ses taux directeurs cette année.
Les pays producteurs d'or noir sont eux déjà soumis à de profondes turbulences même s'il existe, selon le FMI, une incertitude sur la longévité du baril à bas coût.
Le Nigeria voit ainsi sa prévision de croissance sabrée cette année de 2,5 points, à 4,8%, entraînant dans son sillage l'ensemble de l'Afrique sub-saharienne (-0,9 point, à 4,9%) mise à mal par la baisse d'autres matières premières.
L'économie mondiale est confrontée à de forts et complexes courants contraires, avait résumé Olivier Blanchard dans une note récente.
D'un côté, les grandes économies bénéficient de la chute des prix du pétrole. De l'autre, dans de nombreux endroits du globe, les perspectives sur le long terme affectent négativement la demande et conduisent à un reflux de l'activité, poursuivait-il alors.