Le brut poursuit sa chute, la crise en zone euro inquiète le marché
Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet s'échangeait à 109,38 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, lâchant 3,01 dollars par rapport à la clôture de vendredi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance, dont c'est le premier jour comme contrat de référence, chutait de 3,15 dollars à 96,95 dollars.
Les cours du baril continuaient de pâtir de la hausse du dollar, sur fond d'exacerbation de la crise des dettes souveraines en zone euro.
"Les inquiétudes sur le sort de la Grèce sont réapparues et font dégringoler l'euro. Cette faiblesse de l'euro va maintenir la pression sur les prix du pétrole", en particulier si la devise s'attarde en-dessous de 1,40 dollar pour un euro, expliquait Olivier Jakob, analyste de la société suisse Petromatrix.
La monnaie unique européenne est momentanément tombée lundi sous le seuil de 1,40 dollar pour la première fois depuis plus de deux mois, alors que le marché redoute de voir la Grèce contrainte d'accepter une restructuration de sa dette.
Le gouvernement grec a peaufiné lundi un nouveau plan de redressement économique, combinant accélération des privatisations et regain de rigueur, pour éviter un tel scénario mais sans sembler convaincre les investisseurs.
Le renchérissement du dollar face à un euro affaibli rendait bien moins attractifs les achats de brut libellés dans la monnaie américaine, pour les investisseurs détenant d'autres devises.
Par ailleurs, des inquiétudes persistantes sur la solidité de la demande énergétique mondiale continuaient de hanter le marché.
"L'hypothèse d'une tempête sur les marchés cet été s'étoffe, alors que les indicateurs économiques américains se contredisent, et que la Chine semble se diriger vers de nouveaux resserrements monétaires au risque de freiner son élan économique", observait David Hufton, analyste du courtier PVM.
Selon l'indice PMI publié lundi par la banque HSBC, la croissance de l'activité manufacturière chinoise a ralenti en mai à un plus bas depuis 10 mois, un ralentissement propre à affecter la demande énergétique de la Chine, deuxième consommateur de pétrole brut dans le monde.
Outre la crise des dettes souveraines, la santé économique de la zone euro n'était pas non plus pour rassurer les opérateurs: la croissance de l'activité privée dans la région a nettement ralenti en mai, selon l'indice des directeurs d'achats (PMI) publié lundi, tombé à son plus bas niveau depuis sept mois.
Enfin, l'éruption du volcan islandais Grimsvötn, dont le lourd nuage de cendres était susceptible de perturber le trafic aérien européen, renforçait encore la prudence des marchés pétroliers.
"Cela représente un risque supplémentaire pour la demande (de pétrole). On se souvient du chaos de l'an passé" après l'éruption de l'Eyjafjöll qui avait paralysé le ciel européen en avril et mai 2010, relevait M. Jakob.