L'Opep ne peut plus soutenir les cours du pétrole
On ne peut plus continuer à protéger un certain (niveau des prix), a déclaré le ministre de l'Énergie des Émirats arabes unis, Suhaïl Mazroui, en parlant de l'Opep.
Nous avons connu une surproduction, venant essentiellement du pétrole de schiste, et cela doit être corrigé, a-t-il souligné, devant le Gulf Intelligence UAE Energy Forum, à Abou Dhabi.
Selon des analystes, certains pays riches de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), comme les Émirats arabes unis, sont prêts à accepter un prix bas pour pousser les producteurs de pétrole de schiste, en premier lieu les États-Unis, hors du marché.
Le cartel a décidé fin novembre à Vienne de maintenir à 30 millions de barils par jour (mbj) son plafond de production, contribuant à l'effondrement des cours qui pourrait placer les producteurs d'hydrocarbures de schiste américains dans une situation où ils risquent de produire à perte.
- Pas de sommet de l'Opep -Le ministre koweïtien du Pétrole, Ali al-Omaïr, a lui aussi attribué la dégringolade des cours à une surproduction d'environ 1,8 mbj combinée au ralentissement de l'économie mondiale.
On s'attend à ce que cela continue jusqu'à ce que la surproduction soit absorbée par le marché et que l'économie mondiale se reprenne. Selon les prévisions, cela n'arrivera pas avant la deuxième moitié de l'année, a-t-il déclaré.
Mardi, les prix de réference du brut sur les marchés européens et américain sont tombés à leur plus bas niveau depuis mars 2009, à 46,39 dollars le baril pour le Brent de la mer du Nord et à 44,20 dollars pour le light sweet crude (WTI).
Le ministre koweïtien a pourtant écarté la tenue d'une réunion d'urgence de l'Opep. Il a souligné que même si l'organisation procédait à une réduction de production de 500.000 voire d'un million de barils par jour, cela ne calmerait pas le marché car elle ne ne serait même pas égale à la surproduction qui existe actuellement sur le marché.
Le président vénézuélien Nicolas Maduro a lui aussi affirmé mardi qu'il n'y aurait pas de sommet des membres de l'Opep dans les prochaines semaines. Même si cette stratégie ne fait pas que des heureux au sein même du cartel.
- Venezuela et Russie fragilisés -
Le Venezuela et l'Iran souffrent de la chute des prix du brut, alors que l'Arabie saoudite, chef de file de l'Opep, se refuse à baisser la production du cartel pour soutenir les prix, lasse de supporter la majeure partie des coupes.
Le président iranien Hassan Rohani a assuré mardi que l'économie de son pays pouvait surmonter la chute des cours, et a prévenu les partisans d'une baisse des prix qu'ils souffriront plus que l'Iran.
Côté vénézuélien, M. Maduro est quant à lui arrivé à Alger dans la nuit de lundi à mardi pour une visite d'Etat centrée sur la chute des prix du pétrole, après être allé plaider sa cause en Arabie saoudite.
Les finances de son pays souffrent de la chute des cours du pétrole et l'agence de notation financière Moody's a annoncé avoir abaissé de deux crans à Caa3 la note de la dette du Venezuela, estimant que le risque de faillite de cet important producteur de pétrole avait nettement augmenté.
L'agence de notation financière Fitch a évalué que le Venezuela avait besoin d'un baril à environ 115 dollars pour équilibrer son budget.
D'autres pays, hors Opep, comme la Russie souffrent également du plongeon de près de 60% subi par les cours depuis la mi-juin.
Le pétrole assure, avec le gaz, plus de la moitié des revenus de l'État russe, et la chute des cours combinée à des sanctions économiques sans précédent contre Moscou a plongé le pays dans la crise.
Le rouble a perdu environ 16% depuis le début de l'année face au dollar, après une chute de 41% en 2014.
Fin décembre, le ministre des Finances Anton Silouanov avait prévenu qu'avec un baril de pétrole à 60 dollars, l'économie russe pourrait subir une contraction de 5% de son produit intérieur brut en 2015 (après +0,6% estimé en 2014) et l'État enregistrer un déficit budgétaire de 3% du PIB après plusieurs années proche de l'équilibre.
La décision de l'Opep a enseigné une leçon aux marchés: (une baisse de production de) l'Arabie saoudite et l'ensemble du cartel ne doit plus être considérés comme acquise. Le développement de projets pétroliers à n'importe quel prix devra être surveillé de plus près maintenant que l'Arabie saoudite ne joue plus le rôle de stabilisateur des prix, commentaient les analystes d'Energie Aspect.
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