Le brut chute de 3 dollars, plombé par un renchérissement du dollar
Vers 10h00 GMT (12h00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet s'échangeait à 109,34 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, lâchant 3,05 dollars par rapport à la clôture de vendredi.
Dans les échanges électroniques du New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance chutait de 2,78 dollars à 97,32 dollars.
"Les inquiétudes sur le sort de la Grèce sont réapparues et font dégringoler l'euro. Cette faiblesse de l'euro va maintenir la pression sur les prix du pétrole, en particulier en-dessous de 1,40 dollar" pour un euro, expliquait Olivier Jakob, analyste de la société suisse Petromatrix.
La monnaie unique européenne chutait lourdement lundi, tombant sous le seuil de 1,40 dollar pour la première fois depuis plus de deux mois, sur fond de craintes de voir la Grèce restructurer sa dette, après que l'agence de notation financière Fitch a abaissé vendredi de trois crans la note du pays.
Le renchérissement du dollar face à un euro affaibli rend bien moins attractifs les achats de brut libellés dans la monnaie américaine, pour les investisseurs détenant d'autres devises.
Par ailleurs, des inquiétudes persistantes sur la solidité de la demande énergétique mondiale continuaient de hanter le marché.
"L'hypothèse d'une tempête sur les marchés cet été s'étoffe, alors que les indicateurs économiques américains se contredisent, et que la Chine semble se diriger vers de nouveaux resserrements monétaires au risque de freiner son élan économique", observait David Hufton, analyste du courtier PVM.
"La nervosité du marché sera particulièrement alimentée aujourd'hui par la chute de l'indice PMI en Chine publié par (la banque) HSBC", précisait-il.
Selon cet indicateur, la croissance de l'activité manufacturière chinoise a ralenti en mai à un plus bas depuis 10 mois, un ralentissement propre à affecter la demande énergétique de la Chine, deuxième consommateur de pétrole brut dans le monde.
Par ailleurs, "la fin des mesures d'assouplissement monétaire aux Etats-Unis (mises en place par la banque centrale pour soutenir l'économie américaine, ndlr) arrivent bientôt à leur terme, et cela apparaît de plus en plus comme une menace", ajoutait M. Hufton.
Outre la crise des dettes souveraines, la santé économique de la zone euro n'est pas non plus pour rassurer les opérateurs: la croissance de l'activité privée dans la région a nettement ralenti en mai, selon l'indice des directeurs d'achats (PMI) publié lundi, tombé à son plus bas niveau depuis sept mois.
Enfin, l'éruption du volcan islandais Grimsvötn, dont le lourd nuage de cendres était susceptible de perturber le trafic aérien européen, renforçait encore la prudence des marchés pétroliers.
"Il est évident que ce n'est pas une bonne nouvelle non plus, cela représente un risque supplémentaire pour la demande (de pétrole) qu'il faudra surveiller de près. On se souvient du chaos de l'an passé" après l'éruption de l'Eyjafjöll qui avait paralysé le ciel européen en avril et mai 2010, relevait M. Jakob.