Le brut se replie, dans un marché nerveux suspendu au dollar
Vers 16H00 GMT (18H00 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet s'échangeait à 110,92 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, lâchant 50 cents par rapport à la clôture de jeudi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juin, qui expire ce vendredi, se repliait de 1,03 dollar à 97,41 dollars.
"Le marché du pétrole apparaît très vulnérable en ce moment, à bout de souffle et sans élan. En raison de l'absence de nouveaux indicateurs économiques, toute l'attention des opérateurs se tourne vers les fluctuations du marché des changes", commentait Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden.
"La crise des dettes souveraines européennes domine les marchés, accroît les incertitudes et la pression sur la monnaie unique", observait-elle.
Le dollar gagnait du terrain face à un euro plombé par les inquiétudes sur la crise grecque, et ce renchérissement du billet vert rendait moins attractifs, pour les investisseurs détenant d'autres devises, les achats de brut libellés dans la monnaie américaine.
Un nouvelle dégradation de la note de la Grèce par l'agence de notation financière Fitch Ratings a contribué vendredi à exacerber la nervosité des marchés.
Par ailleurs, "les investisseurs restent sur leurs gardes après l'avertissement de l'Agence internationale de l'Energie (AIE)", qui a renforcé jeudi les craintes sur la solidité de la consommation pétrolière mondiale, ajoutait Mme Sokou.
L'AIE a prévenu qu'en raison de l'impact des prix élevés du brut sur la reprise économique mondiale, il y avait "un besoin urgent et évident" d'un accroissement de l'offre des pays producteurs.
Trois indicateurs avaient également renforcé jeudi les inquiétudes sur la résistance de la demande énergétique des Etats-Unis, premier consommateur de brut dans le monde.
L'indice d'activité dans la région de Philadelphie (Est des Etats-Unis) est tombé à son plus bas niveau depuis octobre. L'indice composite des indicateurs économiques américains a reculé pour la première fois en presque un an, et les ventes de logements anciens ont baissé plus que prévu en avril.
Dans ce contexte, "les prix du brut continuent de chercher une direction et évoluent dans le sillage des autres marchés, les opérateurs restant clairement préoccupés par cette dégradation de l'environnement économique" aux Etats-Unis, soulignait Andrey Kryuchenkov, de VTB Capital.
Cependant, jusqu'à présent, "les fondamentaux sous-jacents du marché pétrolier restent robustes", tempéraient les analystes de Barclays Capital.
Selon une étude de l'organisation AAA (Association des automobilistes américains), le nombre d'Américains prévoyant de prendre leur voiture pour le week-end prolongé de Memorial Day, le dernier du mois de mai, est stable par rapport à l'an dernier malgré l'envolée des prix de l'essence, ont-ils détaillé.