Le pétrole chute à nouveau sur fond de ralentissement de la demande
Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier a clôturé à 60,56 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,29 dollar par rapport à la clôture de vendredi. Pendant les échanges asiatiques lundi, le baril de Brent a atteint son plus bas niveau depuis le 13 juillet 2009, à 60,28 dollars.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en janvier a perdu 1,90 dollar pour s'établir à 55,91 dollars. La référence américaine du brut a atteint lundi son plus bas niveau depuis le 6 mai 2009, à 55,18 dollars.
Les cours du pétrole ont connu un bref répit lundi en début d'échanges européens, aidés par l'annonce de la fermeture des terminaux pétroliers d'Al-Sedra et Ras Lanouf en Libye, d'après des analystes. Mais les fondamentaux du marché demeurent baissiers, et les cours restent plombés par une offre surabondante et une croissance de la demande faible.
L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a prévu vendredi une croissance de la demande plus timide qu'escompté en 2015. La consommation de pétrole devrait croître de 900.000 barils par jour l'an prochain pour atteindre 93,3 millions de barils par jour (mbj), contre 93,6 mbj comme anticipé précédemment, à cause d'attentes moindres concernant la demande venant des pays de l'ex-Union soviétique et d'autres pays exportateurs de pétrole.
La baisse des prix autour des 60 dollars le baril est clairement positive pour l'économie globale, selon les analystes de Capital Economics.En effet, l'augmentation potentielle de la demande devrait être une raison importante du rééquilibrage des prix, continuaient-ils. La Chine profite d'ailleurs déjà de cette baisse des prix pour renflouer ses stocks stratégiques de pétrole brut.
Mais les marchés réalisent qu'une des raisons derrière la chute rapide des cours est le ralentissement de la demande globale, constatait Jasper Lawler de CMC Markets. Selon des experts, le fait même que les prix du pétrole chutent constituerait le signal d'un ralentissement de l'économie mondiale.
La surabondance de l'offre va également continuer de tirer les prix de l'or noir vers le bas à court et moyen terme, alors que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) campe sur sa position de ne pas intervenir sur les marchés pétroliers après avoir conservé son objectif de production inchangé à 30 mbj lors de la dernière réunion du cartel.Même si, lors d'une conférence à Dubaï dimanche, le secrétaire général de l'Opep Abdallah al-Badri a défendu la stratégie de l'organisation, estimant que l'écart entre l'offre et la demande n'expliquait pas l'effondrement des cours.
Nous voulons connaître les raisons réelles qui ont conduit à une telle chute des cours du brut, a ajouté le secrétaire général du cartel. Si la chute se poursuit, selon M. Badri, cela signifiera que la spéculation contribue fortement à pousser les prix à la baisse.
Le ministre de l'Energie des Émirats Arabes Unis, Suhail al-Mazrouei, est allé plus loin, lors de cette même réunion, en disant que l'Opep pourrait encaisser une baisse des prix jusqu'à 40 dollars le baril, selon les analystes de Commerzbank.
Le ministre a également souligné ne pas envisager de réunion extraordinaire du cartel avant trois mois, toujours selon Commerzbank.
En déclarant que le cartel est prêt à supporter un prix du baril à 40 dollars, un nouvel objectif a été donné explicitement aux investisseurs. Le point bas du marché n'est donc pas encore atteint, notait Christopher Dembik, analyste chez Saxo Banque.
Le prix journalier du panier de brut de référence de l'Opep (comprenant les brut des membres du cartel) est passé juste en dessous des 58,65 dollars vendredi, contre 60,50 dollars le jour précédent, d'après des données du cartel diffusées lundi.
Le prix moyen du panier de référence de l'Opep en décembre a baissé de 11,56 dollars, à 64,01 dollars le baril contre 75,57 dollars le baril en novembre, selon le cartel.
Les Bourses européennes ont été particulièrement affectées par cette nouvelle dégringolade des prix du pétrole lundi. La Bourse de Londres a terminé en forte baisse de 1,87%. Le pétrole contrôle le FTSE-100 d'une main de fer en ce moment et les gains dans le secteur de l'énergie ce matin se sont rapidement évaporés, commentait Chris Beauchamp, analyste chez IG.
La Bourse de Francfort a terminé la séance en fort repli lundi: à la clôture le Dax a chuté de 2,72% à 9.334,01 points. Enfin, la Bourse de Paris a fortement reculé lundi (-2,52%), perdant du terrain pour la sixième séance consécutive.
A Wall Street vers 20h00 GMT, une heure avant la clôture, le Dow Jones perdait 0,29% et le Nasdaq 0,72%.
Le rouble s'est effondré lundi d'environ 8% face à l'euro et au dollar à des niveaux jamais vus, alors que la banque centrale russe a dressé un tableau noir de l'économie du pays pour l'année prochaine.