Le brut rechute, pénalisé par un soudain renforcement du dollar
Vers 16h00 GMT (18h00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin s'échangeait à 112,59 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en recul de 39 cents par rapport à la clôture de jeudi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance cédait 84 cents à 98,13 dollars.
Les cours du pétrole effaçaient leurs gains, après avoir évolué en petite hausse pendant une grande partie de la séance et repassé momentanément au-dessus des 100 dollars le baril à New York.
Les prix du brut calquent leur évolution sur l'évolution du dollar sur le marché des changes, "et il est probable que cette situation perdure sur les prochains jours", relevait Filip Petersson, analyste de la banque SEB.
Le soudain renchérissement de la monnaie américaine rendait moins attractifs les actifs libellés en dollars comme le pétrole, alors que la volatilité des échanges s'exacerbait à l'approche du week-end.
L'euro a d'abord regagné du terrain vendredi face à la monnaie américaine, après l'annonce d'une accélération de la croissance économique au premier trimestre dans la zone euro, mais a finalement succombé aux inquiétudes toujours vives sur la crise budgétaire grecque.
Les investisseurs restaient sur leur garde après deux semaines très agitées marquées par de violentes corrections, même si le baril se trouvait à New York comme à Londres au-dessus de son niveau de clôture d'il y a une semaine.
Les inquiétudes des opérateurs sur la solidité de la demande en Chine et aux Etats-Unis continuaient par ailleurs d'alimenter la fébrilité du marché, qui n'a guère profité vendredi d'un bon indice de confiance des consommateurs aux Etats-Unis.
"La psychologie du marché reste fragile. La volatilité domine, et les investisseurs s'inquiètent de l'inflation chinoise, qui pourrait conduire à des mesures multipliées de resserrement monétaire en Chine, au risque de plomber la croissance" et d'affecter la demande de brut du géant asiatique, commentait Torbjorn Kjus, analyste de DnB NOR Markets.
La Banque centrale chinoise a ainsi une nouvelle fois relevé jeudi le taux de réserve obligatoire des banques, une mesure destinée à juguler l'inflation toujours très élevée dans le pays.
"La crise des dettes souveraines en Europe n'arrange rien, et si la dette grecque doit être restructurée il y a un large risque pour une nouvelle crise financière", ce qui n'est guère de nature à rassurer le marché, a ajouté M. Kjus.
Jeudi, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a revu pour la première fois en baisse sa prévision de demande mondiale de pétrole en 2011, en raison des prix élevés et d'une croissance moins forte dans les pays riches.
Dans ce contexte, une forte volatilité devrait persister, a estimé Filip Petersson: "la succession de mouvements de vente massifs puis de remontées des cours devrait s'accélérer et alimenter la nervosité du marché; il est très difficile de prédire quelle direction les prix peuvent prendre".