Les raffineries de pétrole européennes en crise de débouchés
Si l'Afrique demeure largement dépendante des importations de produits raffinés, les autres marchés s'acheminent vers une surabondance d'offre locale.
Les causes de ce déséquilibre croissant sont à chercher du côté de l'explosion des projets, décidés au cours des dix dernières années alors que la demande globale suivait encore une courbe ascendante, a expliqué jeudi un panel d'analystes au dernier jour du salon Global Energy qui se tient à Genève.
Les installations du Vieux continent sont depuis le tournant du siècle dernier déjà confrontées à une baisse de la demande locale. Si dans un premier temps, elles pouvaient facilement écouler leurs surplus outre-mer, elles font depuis 2008 face à la concurrence accrue des raffineries au Moyen-Orient et en Asie-Pacifique.
L'augmentation sensible de la production nord-américaine, dopée par l'essor du pétrole non-conventionnel, restreint d'autant le périmètre des débouchés potentiels. La demande migre désormais vers l'Orient et les pays émergents, où la demande suit l'évolution démographique ou du niveau de vie.
MIGRATION A L'EST
Les calculs de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) évoquent pour 2040 une demande 22,5 mb/j, une moitié de ces produits devrait être consommée, mais aussi raffinée en Asie-Pacifique.
A l'échelle mondiale, les capacités de raffinage devraient croître de 9 millions de barils par jour (mb/j) dans les cinq prochaines années, a détaillé Jan Ban, analyste auprès de l'OPEP. Les pays membre du cartel devraient participer à cette tendance à hauteur de près d'un tiers.
Les investissements consentis représentent quelque 70 mrd USD, selon les données de l'organisation. L'extension des capacités devrait déboucher à l'horizon 2019 sur un surplus d'offre de l'ordre de 3 mb/j. Pour rester viable, le secteur risque de devoir procéder à l'élimination de 5 mb/j de capacités d'ici 2020.
L'Afrique constitue une exception notable à l'extension des capacités de raffinage, en dépit d'une croissance marquée de la demande. Instabilité politique, volatilité des marges, concurrence étrangère exacerbée constituent autant de frein pour les investissements requis, a pour sa part énuméré David Bleasdale, du cabinet de conseil CITAC Africa.
L'explosion des capacités au Moyen-Orient notamment laisse cependant peu de chances aux raffineries européennes pour se faire une place sur ce marché en pleine croissance.