Le repli se poursuit, marché volatil et inquiet sur la demande
Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin s'échangeait à 112,52 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 5 cents par rapport à la clôture de mercredi, après avoir perdu près de 2,50 dollars en cours de séance.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance cédait 49 cents à 97,72 dollars. Il était descendu vers 11H45 GMT à 95,25 dollars, son plus bas niveau depuis le 23 février.
Les cours du baril limitaient leurs pertes à la faveur d'un soudain repli du dollar face à un euro revigoré après des commentaires du Fonds monétaire international (FMI) semblant prêt à accorder un sursis à la Grèce pour rétablir sa situation budgétaire.
Tout au long de la journée cependant, le renchérissement du dollar, qui pèse sur les actifs libellés dans la monnaie américaine, avait comme la veille contribué à plomber les cours du baril.
Les investisseurs continuaient par ailleurs de s'interroger sur la robustesse de la demande mondiale.
"Nous avons eu un triple choc: des craintes sur la demande chinoise, un bond plus fort qu'attendu des stocks pétroliers américains dévoilés mercredi, et le rapport de l'AIE, qui a révisé en baisse ses prévisions pour 2011", énumérait Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden.
Dans son rapport mensuel dévoilé jeudi, l'Agence internationale de l'énergie a revu en baisse de 190'000 barils par jour sa prévision de demande mondiale de pétrole en 2011, en raison des prix élevés et d'une croissance moins forte dans les pays riches.
"C'est le première fois cette année que l'AIE abaisse ses prévisions. Elle le fait parce que des cours (du brut) élevés entraînent un ralentissement de la consommation nord-américaine", confirmant ainsi les craintes récentes des opérateurs, soulignait Andrey Kryuchenkov, de VTB Capital.
Autre coup de tonnerre pour le marché: la Banque centrale chinoise a une nouvelle fois relevé jeudi le taux de réserve obligatoire des banques, une mesure destinée à juguler une inflation toujours très élevée, alors que la hausse des prix a atteint 5,3% sur un an en avril.
Mais les analystes redoutent que les resserrements monétaires décidés par Pékin pour éviter une surchauffe de son économie finissent par affecter la demande énergétique du géant asiatique, deuxième consommateur de brut dans le monde après les Etats-Unis.
Dans ce contexte, "les craintes sur la crue du (fleuve américain) Mississippi et les éventuelles fermetures de raffineries qu'elle pourrait entraîner n'ont pas tout à fait disparues, mais sont mises de côté par les opérateurs qui se concentrent sur des considérations macroéconomiques", concluait David Hufton, analyste de PVM Oil Associates.
Cette crue exceptionnelle du Mississippi, devenu six fois plus large que d'ordinaire ces derniers jours, menaçait en Louisiane plusieurs raffineries et des centaines de puits de pétrole et de gaz.