Le baril de pétrole chute à son plus bas niveau en cinq ans
A Londres, le Brent pour livraison en janvier a atteint un plus bas depuis octobre 2009, à 67,53 dollars le baril, tandis que le light sweet crude (WTI) côté à New York et pour livraison à la même période est tombé au plus bas depuis juillet 2009, à 63,72 dollars le baril.
Les prix du pétrole ont continué de dégringoler après la décision jeudi de l'Opep de maintenir son plafond de production à 30 millions de barils par jour (mbj) jeudi dernier. Un indicateur manufacturier décevant en Chine publié lundi a aussi contribué à tirer les cours du pétrole vers le bas.
Dans le courant de la journée de lundi, le retour d'opérateurs américains absents jeudi et vendredi après-midi pour cause de Thanksgiving n'entraînait pas de retournement majeur de la tendance.
En maintenant son objectif de production à 30 millions de barils par jour, l'Opep signale clairement qu'elle ne supportera plus seule le fardeau d'ajuster le marché, ont noté les analystes de Barclays. Selon Barclays, c'est le réajustement de l'offre de pétrole non conventionnel (pétrole de schiste) qui sera crucial pour donner une direction aux prix de l'or noir.
En effet, la décision de l'Opep a été largement interprétée comme une réponse à la récente expansion du pétrole de schiste américain, qui grignote les parts de marché du cartel. La motivation de l'Arabie saoudite est de préserver ses parts de marché, principalement de la concurrence du pétrole de schiste américain, dont le coup d'extraction est plus élevé, ont précisé les experts de la maison de courtage Czarnikow.Les États-Unis sont passés d'une production moyenne de 5 millions de barils par jour (mbj) en 2008 à près de 8,4 mbj lors des seuls huit premiers mois de cette année grâce à l'exploitation du pétrole de schiste.
- Un million de barils en moins ? -
L'impact de cette croissance de la production se fait de manière indirecte, en réduisant de façon spectaculaire les besoins d'importations des États-Unis et en forçant leurs fournisseurs à se trouver d'autres débouchés.
Si l'Opep avait décidé de réduire sa production, elle serait entrée dans un cercle vicieux où elle n'aurait cessé de réduire son offre pour lutter contre la baisse des prix face à l'augmentation de la production américaine, ont estimé les experts de la Société Générale.
Même si certains opérateurs trouvent la réaction des marchés exagérée compte tenu du fait que la décision de l'Opep était largement anticipée, une offre surabondante, combinée à une faible croissance de la demande, devrait continuer à peser sur les cours l'année prochaine, ont estimé des analystes.
Il n'y a aucune fin en perspective pour cette baisse des prix du pétrole, puisqu'un énorme excédent d'offre, d'environ 1,5 million de barils par jour, est attendu pour le premier semestre 2015 et va continuer à peser sur les cours, ont noté les experts de Commerzbank.
Une nouvelle réduction d'au moins 1 million de barils par jour sera nécessaire pour rééquilibrer le marché, a-t-on souligné chez Barclays.
Mais pour les analystes de Westhouse Securities, les prix du pétrole pourraient commencer à se stabiliser une fois la décision de l'Opep digérée.
Nous anticipions une pression à court terme sur les prix du pétrole après la réunion de l'Opep, mais notre vue à moyen et long terme demeure inchangée. Le pétrole est une matière première chère, et les prix bas vont initier une correction (à la baisse, NDLR) de l'offre mondiale, a-t-on précisé chez Westhouse Securities.