Le pétrole chute alors que l'Opep se réunit
Vers 11H00 GMT (12H00 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier valait 75,83 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,92 dollar par rapport à la clôture de mercredi. Vers 08H35 GMT, la référence européenne du brut a chuté jusqu'à 75,48 dollars le baril, son plus bas niveau en séance depuis le 3 septembre 2010.
Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance baissait de 1,55 dollar, à 72,14 dollars. Le WTI a également dégringolé vers 08H35 GMT à un plus bas depuis début septembre 2010, à 71,89 dollars.
L'attention des marchés reste focalisée sur la réunion de l'Opep, même si une diminution significative de l'offre semble toujours écartée.
Le cartel fait face à un choix difficile entre réduire son plafond de production pour tenter de ralentir la chute des cours du pétrole, ou se contenter de le maintenir, en s'engageant éventuellement à mieux le respecter.
Certains membres du cartel, comme le Venezuela, se sont ouvertement prononcés pour un abaissement du plafond de production (fixé à 30 millions de barils par jour depuis trois ans mais peu respecté), tandis que d'autres, comme l'Arabie saoudite, ont laissé entendre qu'il fallait laisser faire le marché.L'essor du pétrole de schiste aux États-Unis a particulièrement mis en péril la part de marché de l'Opep qui ne représente désormais plus qu'un tiers de la production mondiale de pétrole, soulignait Christophe Dembik, analyste chez Saxo Banque.
Les États-Unis sont passés d'une production moyenne de 5 millions de barils par jour (mbj) en 2008 à près de 8,4 mbj lors des huit premiers mois de cette année grâce à l'exploitation du pétrole de schiste.
L'impact de cette croissance de la production se fait de manière indirecte, en réduisant de façon spectaculaire les besoins d'importations des États-Unis et en forçant leurs fournisseurs à se trouver d'autres débouchés, ce qui attise la lutte pour les parts de marchés ailleurs dans le monde.
L'Arabie saoudite pourrait donc privilégier la protection de ses parts de marché à une réduction du plafond de l'Opep, qui pourrait mettre en danger ces parts.
Il serait dans l'intérêt de l'Opep de composer avec des prix du pétrole bas pour un moment afin de ralentir les projets de développement pétroliers au États-Unis, notait ainsi Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix.
Une dégringolade du baril est certainement exclue étant donné que l'issue vraisemblable de la réunion de l'Opep a déjà été intégrée dans les prix. Le véritable enjeu aujourd'hui pour le marché pétrolier est surtout de trouver un nouveau prix d'équilibre, expliquait M. Dembik.
De la même façon, si l'Opep opte pour une réduction de son offre, il est peu probable que les prix du pétrole repartent en nette hausse, selon Markus Huber de Peregrine Black.
Les cours du pétrole ont chuté de près de 35% depuis le mois de juin, plombés par le ralentissement de la croissance de la demande mondiale combinée à une offre surabondante, notamment à cause du pétrole de schiste américain.