L'Opep se réunit en pleine chute du pétrole, sans consensus pour réduire sa production
Les ministres des douze pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole se sont retrouvés dans la matinée à son siège, situé dans la capitale autrichienne, pour élaborer un compromis.
Alors que les prix du pétrole brut ont chuté de plus de 30% depuis juin, en raison d'une offre surabondante et d'une demande affaiblie, ils devaient trancher entre une baisse de leur plafond de production collectif, fixé à 30 millions de barils par jour depuis trois ans (près du tiers de l'offre pétrolière mondiale), ou un maintien éventuellement assorti d'un engagement à mieux respecter ce niveau.
Mais les déclarations des différentes délégations n'ont montré aucun consensus en faveur d'une réduction de ce plafond.
A la place, l'Opep pourrait se contenter de le maintenir au même niveau, tout en s'engageant à l'appliquer avec plus de discipline, alors que sa production effective le dépasse d'environ 600.000 barils par jour, selon l'Agence internationale de l'énergie.
- Les cours poursuivent leur dégringolade -Pendant ce temps, les cours du pétrole brut poursuivaient mercredi leur plongeon, signe que les investisseurs ne tablaient plus sur une réduction du plafond.
Vers 10H40 GMT, le prix du Brent chutait ainsi de 1,88 dollar à 75,87 dollars le baril, tandis que le WTI, référence sur le marché américain, chutait de 1,59 dollars à 72,10 dollars, de nouveaux plus bas depuis quatre ans.
Le Venezuela, dont les finances sont exsangues et qui souffre particulièrement de l'effondrement des cours, mène ouvertement campagne en faveur d'une réduction de l'offre du cartel.
Son ministre des Affaires étrangères, Rafael Ramirez, a ainsi indiqué avant le début de la réunion qu'il allait défendre une baisse de la production, et estimé l'excédent de brut sur le marché pétrolier à deux millions de barils par jour. Mais il s'est montré pessimiste sur l'adoption d'une telle mesure, se disant préoccupé par cette réunion.
Nous pensions qu'il faut faire quelque chose qui ait un effet à court terme sur le marché, a également plaidé le ministre iranien du Pétrole, Bijan Namdar Zanganeh.
A l'inverse, son homologue des Emirats arabes unis, Suhail al-Mazrouei, a rejeté implicitement une réduction du plafond. Je pense que le marché va se stabiliser, et nous recherchons une stabilisation du marché à long terme, et non des mesures de court terme, a-t-il lancé.
Le surapprovisionnement du marché ne vient pas seulement de l'Opep, et même si l'Opep réduisait un peu sa production, cela ne résorberait pas la surcapacité du marché, a renchéri le ministre du pétrole koweïtien, Ali al-Omair.
Le puissant ministre du Pétrole saoudien, Ali al-Nouaïmi, qui avait douché ces derniers jours les espoirs d'une baisse du plafond de production de l'Opep, n'a pour sa part fait aucune déclaration jeudi matin.
- Discussions avec la Russie -
Une baisse du plafond aiderait à réduire le surplus d'approvisionnement sur le marché pétrolier, actuellement en surcapacité du fait du bond de la production pétrolière américaine (avec l'extraction du pétrole de schiste, notamment), couplé au ralentissement économique en cours en Europe et en Chine, qui freine la consommation d'or noir.
Le plafond de production est le principal outil de l'Opep pour réguler l'offre pétrolière mondiale.
Mais l'abaisser aurait l'inconvénient pour le cartel de faire perdre des parts de marché à ses membres au profit d'autres Etats producteurs, à moins que ces derniers ne consentent à appliquer des mesures similaires, ce qu'a esquissé très timidement la Russie mardi.
Plusieurs membres du cartel, dont le Venezuela et l'Iran, ont ainsi appelé à travailler avec les pays pétroliers hors-Opep pour rééquilibrer le marché. Et une réunion inédite avec deux pays hors-Opep, la Russie et du Mexique, s'est déroulée mardi à Vienne, sans résultat concret toutefois.