Halliburton avale Baker Hughes pour créer un géant des services pétroliers
La transaction, qui se fait en numéraire et en actions 19,0 dollars par titre Baker Hughes et 1,12 des actions Halliburton) valorise la mariée à 34,6 milliards de dollars, selon un communiqué.
Ce prix est une bonne affaire pour les actionnaires de Baker Hughes puisque le titre est porté à 78,62 dollars contre 59,89 dollars vendredi en Bourse. En cas de réussite du rapprochement, ils détiendront 36% du capital de la société fusionnée.
Les noces interviennent deux jours après un mini-psychodrame: Baker Hughes a révélé vendredi soir qu'Halliburton menaçait de lancer une OPA hostile alors que les négociations entamées entre les deux groupes le 13 octobre étaient dans l'impasse.
Signe que les choses se sont apaisées: "nous sommes certains que la nouvelle entreprise fusionnée va être capable de saisir des opportunités" qui auraient que (ni Halliburton ni Baker Hughes) n'aurait pu" saisir, a déclaré Martin Craighead, le PDG de Baker Hughes.
SYNERGIES
Le rapprochement du numéro deux et du numéro trois mondial des services pétroliers --qui sont basés l'un et l'autre à Houston, la capitale américaine de l'or noir-- va donner naissance à un nouveau leader mondial de la profession.
Sur la base des données actuelles, la nouvelle entité afficherait un chiffre d'affaires annuel de 51,8 milliards de dollars, contre 45,2 milliards pour l'actuel numéro un Schlumberger. Ce dernier devrait toutefois rester largement devant en terme de capitalisation boursière: 122,66 milliards de dollars contre 75,3 milliards de dollars à Halliburton-Baker Hughes.
Baker Hughes, qui emploie environ 60'000 personnes dans plus de 80 pays, est surtout connu pour sa flotte de plates-formes de forage, mais est aussi présent dans toute une série de services pour l'industrie pétrolière. Ses activités se recoupent avec celles d'Halliburton (80'000 salariés) dans de nombreux domaines, ce qui laisserait la place à d'importants gains de productivité après restructuration.
Les deux groupes évaluent à près de deux milliards de dollars le montant des synergies de coûts attendues. La société fusionnée conservera le nom Halliburton et sera dirigée par l'actuel patron d'Halliburton David Lesar.
PESER FACE À EXXONMOBIL
Cette fusion survient en pleine période de chute des prix du brut, tombés au plus bas depuis 2010, ce qui a déjà contraint les groupes pétroliers à restreindre leurs programmes d'exploration, avec un impact direct sur l'activité de leurs sous-traitants comme Baker Hughes et Halliburton.
Les dépenses d'investissement et d'exploration d'ExxonMobil ont baissé de 6,72% sur un an au troisième trimestre. BP a averti qu'il pourrait retarder ses investissements futurs.
Dans ce contexte, les majors pétrolières demandent aux groupes de services pétroliers de baisser leurs tarifs, au risque d'entamer leur rentabilité.
Or, en fusionnant, Halliburton et Baker Hughes vont se retrouver en position de force et pourraient peser dans les discussions commerciales, selon la banque Deutsche Bank.
Certes Halliburton-Baker Hughes aurait du mal, selon les analystes, à augmenter ses tarifs dans le créneau très concurrentiel du forage et de la fracturation hydraulique où sont omniprésents des acteurs chinois, indiens et sud-coréens.
Mais son avance technologique lui donnerait des reins solides dans des zones d'exploration pétrolière requérant un haut savoir-faire technologique comme l'Arctique.
Seul hic, cette concentration accélérée du secteur serait mal vue par les autorités de la concurrence, notamment du département américain de la Justice, puisqu'elle donnerait naissance à un duopole.
"Environ 80% du marché des services pétroliers les plus importants seraient entre les mains de deux entreprises" -- Schlumberger, Halliburton-Baker Hughes, selon Bank of America.
Pour être sûr d'obtenir le feu vert des autorités de la concurrence, Halliburton s'est dit lundi prêt à céder des actifs, générant un chiffre d'affaires allant jusqu'à 7,5 milliards de dollars. Mais il a estimé que l'effort final devrait être "significativement moindre".
Comme pour balayer les derniers doutes, le géant américain a accepté de payer un énorme dédit de 3,5 milliards de dollars à Baker Hughes si l'opération devait échouer pour des raisons réglementaires.