Services pétroliers: fusion en vue entre Halliburton et Baker Hughes
Baker Hughes, né en 1987 de la fusion entre Baker International et Hughes Tool, a confirmé dans la nuit de jeudi à vendredi des négociations avec Halliburton basé comme lui à Houston (Texas), la capitale pétrolière des Etats-Unis. Ces discussions sont encore à un stade préliminaire et pourraient ne pas aboutir.
Si le groupe n'a pas donné les bases financières de ces discussions, les analystes estiment que l'opération se fera au prix de 65 à 70 dollars par action Baker Hughes, fait valoir la banque Morgan Stanley dans une note.
Après avoir bondi de plus de 15% jeudi sur des premières fuites dans la presse, l'action Baker Hughes prenait 0,79% à 59,19 dollars dans les échanges de fin de matinée à Wall Street vendredi. Le groupe pesait ainsi un peu plus de 25,6 milliards de dollars en Bourse, tandis qu'Halliburton valait pour sa part 46,4 milliards, contre 123,5 milliards pour le leader historique de la profession Schlumberger.
- Chute des prix du brut -
L'annonce de ce possible rapprochement survient en pleine période de chute des prix du brut, tombés au plus bas depuis 2010, ce qui pourrait contraindre les groupes pétroliers à restreindre leurs programmes d'exploration pétrolière, avec un impact direct sur l'activité de leurs sous-traitants comme Baker Hughes et Halliburton.Les premiers signaux négatifs sont déjà visibles: les dépenses d'investissement et d'exploration d'ExxonMobil ont baissé de 6,72% sur un an au troisième trimestre. BP a averti qu'il pourrait retarder ses investissements futurs.
Dans ce contexte, Halliburton, numéro deux mondial des services pétroliers, et Baker Hughes, numéro trois, devraient baisser leurs tarifs, ce qui entamerait leur rentabilité, estiment les analystes. Un rapprochement leur donnerait du poids pour augmenter leurs prix et améliorer leurs marges, calcule Morgan Stanley.
Si la transaction se confirme, l'industrie des services reprendra la main dans un secteur qui a vu son pouvoir s'éroder ces dernières années avec l'arrivée de petits acteurs et plus récemment la baisse des prix du brut, renchérit la banque Deutsche Bank dans une note.
En effet, si une entité Halliburton-Baker Hughes aurait du mal à augmenter ses tarifs dans le créneau très concurrentiel du forage et de la fracturation hydraulique où sont omniprésents des acteurs chinois, indiens et sud-coréens, son avance technologique lui donnerait des reins solides dans des zones d'exploration pétrolière requérant un haut savoir-faire technologique comme l'Arctique.
Baker Hughes, qui emploie environ 60.000 personnes dans plus de 80 pays, est surtout connu pour son parc de plateformes de forage, mais est aussi présent dans toute une série de services à l'industrie pétrolière.
Ses activités se recoupent avec celles d'Halliburton (80.000 salariés) dans de nombreux domaines, ce qui laisserait la place à d'importants gains de productivité après restructuration.
- Duopole -
La nouvelle entité Halliburton-Baker Hughes se hisserait par ailleurs au premier rang mondial dans plusieurs secteurs, notamment celui de la fracturation hydraulique pour l'extraction du gaz du schiste, technique dont Halliburton fut le pionnier.
Le nouveau groupe deviendrait même le numéro un mondial des services pétroliers en termes de chiffres d'affaires avec un peu plus de 57 milliards de dollars contre 49 milliards de dollars au groupe franco-américain Schlumberger (126.000 employés), selon les analystes de Morgan Stanley et de Deutsche Bank.
Cette consolidation accélérée du secteur serait en revanche mal vue par les autorités de la concurrence puisqu'elle donnerait naissance à un duopole.
Environ 80% du marché des services pétroliers les plus importants seraient entre les mains de trois entreprises - Schlumberger, Halliburton et Baker Hughes, fait remarquer Bank of America.
Pour espérer obtenir la bénédiction des régulateurs, Baker Hughes et Halliburton devraient, selon la banque, céder de nombreux actifs.
Nous pensons que certaines activités comme les pompes et les compresseurs vont faire l'objet d'un examen particulier du DoJ, le département de la Justice américain, précise Bank of America.
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