Le brut se replie, le marché renoue avec la prudence
Vers 10H00 GMT (12H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin s'échangeait à 114,88 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,02 dollar par rapport à la clôture de lundi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance reculait de 1,32 dollar à 101,23 dollars.
Après avoir plongé de plus de 15 dollars la semaine dernière puis rebondi fortement lundi de près de 7 dollars à Londres, les cours du baril évoluaient à nouveau dans le rouge.
"La hausse d'hier était un rebond technique (les opérateurs profitant de la récente baisse pour effectuer quelques achats à bon compte, ndlr). Mardi, les prix reculent à cause de plusieurs facteurs, le premier étant que l'on s'attend à voir les stocks pétroliers aux Etats-Unis continuer de s'accroître cette semaine", a expliqué Peter Bassett, analyste de Westhouse Securities.
Par ailleurs, l'opérateur boursier de Chicago, le CME, "a annoncé lundi un relèvement de ses marges pour les contrats à terme pétroliers", une mesure susceptible de rendre moins attractifs les achats de brut pour les investisseurs, a-t-il ajouté.
Ce relèvement des marges du CME, un des plus grands marchés au monde pour les contrats à terme sur les matières premières, signifie que les investisseurs devront déposer une caution d'environ 25% plus importante auprès de l'opérateur pour chaque position qu'ils prendront sur un contrat pétrolier.
"Cela va limiter le nombre d'investisseurs ayant les moyens d'entrer sur le marché, et les volumes d'échanges pourraient souffrir d'un recul sensible", commentait le cabinet spécialisé JBC Energy.
Par ailleurs, les inquiétudes sur la résistance de la demande pétrolière face à un niveau de prix toujours élevé continuaient de hanter le marché, en dépit des chiffres robustes du commerce chinois publiés mardi, montrant une légère progression sur un mois des importations de brut du pays en avril.
"Les importations chinoises restent extrêmement stables, et si le pays voit toujours progresser sa consommation de pétrole, cela ne peut absolument pas être décrit comme une envolée", observait Olivier Jakob, de la société Petromatrix.
"Tous ceux qui avaient peur qu'un baril à 115 dollars ne pénalise la demande devraient continuer d'avoir peur. Les prix du brut ont beau avoir dégringolé la semaine dernière, il n'y a pas eu de répercussions sur les prix de l'essence, qui ont même grimpé entre-temps: cela n'a rien changé pour le conducteur américain", faisait-il valoir, alors que va bientôt s'ouvrir la période estivale, théâtre traditionnellement de grands déplacements automobiles dans le pays.
Dans ce contexte, les investisseurs seront attentifs aux rapports mensuels de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et de l'Agence internationale de l'Energie (AIE), respectivement attendus mercredi et jeudi, et dont les prévisions de demande mondiale pourraient avoir été abaissées.
Sur le front de l'offre, les opérateurs surveillaient une importante crue du Mississipi, qui pourrait affecter les raffineries de l'Etat du Mississipi et de la Louisiane (sud) et perturber les approvisionnements de produits pétroliers.