Le géant Total, orphelin de son patron, prépare la succession
Le groupe tient un conseil d'administration exceptionnel à 10H30 consacré à la transition à la tête de la première entreprise française par ses bénéfices, ont annoncé à l'AFP des sources syndicales.
Son secrétaire général, Jean-Jacques Guilbaud, a déjà garanti que le colosse de l'énergie était organisé pour faire face à cet évènement tragique.
Selon François Pelegrina, responsable du syndicat CFDT au sein du groupe, Thierry Desmarest, président d'honneur, peut assurer sans souci un intérim car il fait partie des sages de ce groupe qu'il a dirigé.
Ensuite, il faudra trouver une solution de plus long terme. Et parmi les responsables de Total susceptibles de succéder à Christophe de Margerie, les noms de Patrick Pouyanné, directeur général de la branche Raffinage-Chimie, et de Philippe Boisseau, qui dirige la branche Marketing & Services et Energies nouvelles, reviennent souvent.
M. de Margerie devrait être inhumé dans l'intimité dans une petite commune de la Manche, avec la présence probable de personnalités venues de Paris, la presse évoquant la présence du Premier ministre, Manuel Valls, ou du président, François Hollande.Le futur patron du géant pétrolier aux 100.000 employés, qui affichait en 2013 un chiffre d'affaires de 189,5 milliards d'euros, devrait en tout cas être choisi en interne, une tradition chez Total.
Il sera confronté aux défis importants d'une croissance moindre de la production d'hydrocarbures, d'une crise du raffinage en Europe et des retards pris dans le développement de certains projets.
Le groupe a d'ailleurs déjà commencé à s'y attaquer en annonçant fin septembre un plan de réduction des coûts et une baisse de ses investissements, que le successeur de Christophe de Margerie devra orchestrer.
Il aura aussi à trouver une solution pour réduire les surcapacités dans le raffinage en Europe, une volonté également affichée fin septembre mais non détaillée, même si aucun plan social ne devrait toucher la France.
- Ebriété, erreur d'aiguillage ou mauvaise météo? -
A Moscou, l'enquête sur les causes de l'accident de l'avion privé à bord duquel se trouvait Christophe de Margerie est menée par le MAK, homologue russe du Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile (BEA) en France.
Le conducteur du chasse-neige percuté par le jet privé qui devait ramener le patron de Total à Paris a indiqué qu'il a perdu ses repères, ne s'est pas rendu compte qu'il entrait sur la piste de décollage et n'a pas entendu arriver l'avion, selon une vidéo amateur de son interrogatoire par des enquêteurs, diffusée mercredi.
Trois enquêteurs du BEA sont arrivés sur place dès mardi, accompagnés par deux conseillers techniques de la compagnie Unijet et un conseiller de Dassault Aviation, constructeur de l'appareil.
Le parquet de Paris a en parallèle ouvert dès mardi une enquête pour homicides involontaires, confiée à la section de recherche de la gendarmerie des transports aériens.
Ces investigations devront déterminer pour quelles raisons le Falcon 50, livré en 2006, a heurté une déneigeuse qui se trouvait sur la piste de décollage de l'aéroport de Vnoukovo, près de Moscou, tuant le PDG de Total, les deux pilotes et un personnel de cabine.
Dans un premier temps, le comité d'enquête russe a évoqué une erreur des aiguilleurs du ciel et les actes du conducteur de la déneigeuse, qui était en état d'ivresse. Il a aussi avancé les mauvaises conditions météorologiques et une erreur de pilotage.
L'avocat du conducteur du chasse-neige qui au départ avait démenti l'état d'ébriété de son client a indiqué qu'il avait pu consommer quelques gouttes d'alcool. En garde à vue pour 48 heures, le conducteur de 60 ans devrait être déféré devant la justice dans la journée.
- Hommages appuyés -
Mardi, les hommages de responsables économiques et politiques se sont multipliés en France, mais aussi en Russie, où le patron de Total était considéré comme un vrai ami du pays, selon les mots de son président, Vladimir Poutine.
Au siège du groupe à Paris mais aussi sur d'autres sites de Total, les salariés, sous le choc, ont observé une minute de silence.
François Hollande a salué un chef d'entreprise qui défendait avec talent l'excellence et la réussite de la technologie française à l'étranger.
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