Le brut s'effondre, inquiétudes persistantes pour l'économie américaine
Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin s'échangeait à 114,48 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, dégringolant de 6,71 dollars par rapport à la clôture de mercredi.
Le Brent est descendu un peu plus tôt jusqu'à 112,55 dollars, son plus bas niveau depuis le 17 mars.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance s'effondrait quant à lui de 6,14 dollars à 103,10 dollars, après avoir glissé jusqu'à 101,08 dollars - un niveau plus vu depuis la mi-mars.
"Les prix du pétrole sont victimes d'une vague continue de liquidation, alors que les opérateurs se concentrent sur la situation économique: celle-ci a toujours maintes difficultés à afficher des indicateurs qu'on puisse qualifier de clairement robuste", commentaient les analystes du courtier Cameron Hanover.
Alors que le marché s'inquiète de la solidité de la demande américaine face au niveau élevé des cours du brut, les statistiques publiées jeudi aux Etats-Unis n'ont pas rasséréné les investisseurs.
Ainsi, les nouvelles inscriptions au chômage ont augmenté fortement pendant la dernière semaine d'avril, à 474'000 demandes d'allocations, alors que les économistes s'attendaient à une baisse.
La veille déjà, les chiffres du cabinet ADP avaient montré que les créations d'emplois dans le secteur privé aux Etats-Unis avaient ralenti en avril et ressortaient bien en-deçà de ce qu'escomptaient les économistes.
Autant de signes de mauvais augure avant le très attendu rapport mensuel sur l'emploi et le chômage américain, attendu vendredi, et considéré comme une jauge de la santé économique du premier pays consommateur de brut dans le monde.
"On est loin du feu vert qui marquerait définitivement la sortie de récession (...) il n'y a rien dans tout cela qui puisse rendre leur confiance aux acteurs de marché", ajoutait Cameron Hanover.
Les cours du baril ont accéléré leur chute parallèlement à un net renforcement de la monnaie américaine face à l'euro, qui rendait encore moins attractifs les achats de brut libellés en dollars.
L'euro a ainsi cédé jusqu'à près de 2% en cours de séance, suite aux propos du président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet, dont la prudence a fait retomber les attentes d'une nouvelle hausse du taux d'intérêt directeur de l'institution dès le mois prochain.
Les prix restaient par ailleurs sous le coup des chiffres "très décevants" publiés la veille par le Département américain de l'Energie (DoE) et faisant état d'une nouvelle forte hausse des stocks pétroliers aux Etats-Unis, soulignait Andrey Kryuchenkov, analyste du courtier VTB.
"Cette hausse s'explique largement par la très faible progression des taux d'utilisation des raffineries, relativement bas pour cette période de l'année", à l'approche de la saison estivale marquée par d'importants déplacements en voiture, soulignait M. Kryuchenkov.
"Les acteurs de marché sont d'ores et déjà préoccupés par la possibilité que les prix élevés du brut n'entament sérieusement la consommation énergétique" dans le monde, ajoutait-il.