Le pétrole remonte énergiquement à New York face aux tensions en Ukraine
Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en septembre, qui avait perdu plus de deux dollars jeudi, s'est adjugé vendredi 1,77 dollar sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) pour s'établir à 97,35 dollars.
Les cours, qui évoluaient déjà en hausse depuis l'ouverture, ont nettement renforcé leur progression après l'annonce par l'Ukraine de la destruction partielle d'une colonne de blindés russes entrée la veille sur son territoire.
Moscou a démenti une telle incursion, mais a dénoncé des tentatives de faire échouer l'entrée d'un convoi humanitaire russe controversé dans l'Est de l'Ukraine et elle a mis en garde contre les conséquences de tels projets.
Le marché est nerveux face à la possibilité d'une escalade, a relevé l'analyste indépendant Andy Lipow.
Même si cette crise n'a pas encore donné lieu à de véritables perturbations de l'offre de brut sur le marché mondial, les derniers rebondissements pourraient affecter la livraison à l'Union européenne du gaz russe transitant par l'Ukraine, incitant ainsi l'UE à acheter plus de pétrole, a-t-il expliqué. D'autres observateurs mettaient en avant les conséquences sur les économies européenne et russe, et par ricochet sur leur consommation énergétique, d'un renforcement des sanctions économiques prises aussi bien par les Occidentaux que par Moscou.
Face à toute cette incertitude, de nombreux courtiers ne voulaient sans doute pas partir en week-end en pariant sur une baisse des cours, a avancé Andy Lipow.
Le marché restait toutefois sous pression des thèmes qui ont dominé la semaine, comme l'anticipation d'une demande (énergétique) plus faible ou l'apaisement des craintes d'une perturbation de l'approvisionnement en raison des tensions géopolitiques en Libye et en Irak, a estimé Matt Smith de Schneider Electric.
En Irak notamment, le Premier ministre irakien sortant Nouri al-Maliki a finalement accepté de céder le pouvoir, sous la pression d'une communauté internationale soucieuse de voir s'installer un nouveau gouvernement capable de faire face à l'offensive jihadiste et à la crise humanitaire qu'elle a engendrée.
Cela enlève un élément à risque de la situation en Irak, deuxième production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a souligné Robert Yawger de Mizuho Securities USA.
Pour Andy Lipow, l'arrivée d'un nouveau gouvernement à Bagdad pourrait aussi relancer les discussions sur l'exportation directe du brut produit dans la région autonome du Kurdistan irakien, ce qui pourrait se traduire par de l'offre supplémentaire sur le marché mondial. Bagdad exige actuellement que toutes les exportations de pétrole pompé sur le territoire irakien passent par le gouvernement central.