Le pétrole approfondit son recul, le marché scrute l'Ukraine
Vers 16H00 GMT (18H00 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre valait 107,07 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 96 cents par rapport à la clôture de mercredi.
Sur le New York Mercantile Exchange(Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour la même échéance perdait 92 cents, à 102,20 dollars.
Victimes de prises de bénéfices après avoir terminé en nette hausse mercredi (notamment grâce à une baisse plus forte que prévu des stocks de brut américains), les cours du brut ne parvenaient pas à bénéficier de bonnes données économiques publiées jeudi en Chine et aux États-Unis.
Aux États-Unis, premier consommateur mondial d'or noir, le marché de l'emploi poursuit son embellie, les nouvelles inscriptions hebdomadaires au chômage ayant chuté mi-juillet à leur bas niveau depuis huit ans et demi.
En Chine, deuxième consommateur d'or noir, la production manufacturière chinoise a progressé en juillet à son rythme le plus rapide depuis un an et demi, confirmant le récent raffermissement de la deuxième économie mondiale, selon un indicateur HSBC.Mais les cours du brut restaient insensibles à ces nouvelles - habituellement haussières pour le marché pétrolier - et à un contexte géopolitique qui reste très tendu.
Pour Abhishek Deshpande, analyste chez Natixis, l'absence de réaction des cours du brut était due à l'abondance de l'offre actuellement sur le marché, avec peu de perturbations des approvisionnements à déplorer en ce moment.
Par exemple, les exportations de brut irakien n'ont que peu fléchi en juin (à 2,42 millions de barils par jour, contre 2,58 millions en mai), l'offensive des jihadistes dans le nord du pays n'ayant pas affecté la majorité de la production, qui se situe dans le sud.
Les opérateurs restaient néanmoins très attentifs aux tensions géopolitiques, notamment autour de la crise ukrainienne.
L'Union européenne (UE) a décidé jeudi de renforcer ses sanctions ciblées contre la Russie, en ajoutant à sa liste noire 15 personnalités et 18 entités accusées de soutenir les séparatistes dans l'est de l'Ukraine, a-t-on appris de source européenne.
Les noms des personnalités et des entités visées par le gel de leurs avoirs et des interdictions de voyager dans l'UE n'étaient pas encore connus jeudi. La liste doit être rendue publique d'ici à la fin de la semaine.
Pour les économistes de Commerzbank, le marché pétrolier ne s'attend clairement pas à ce que l'UE impose des sanctions contre le secteur énergétique russe - ce qui signifie que la réaction du marché serait d'autant plus spectaculaire si cela s'avérait être finalement le cas.
De telles sanctions alimenteraient les craintes d'un dérèglement de l'approvisionnement du marché européen de l'énergie, dont environ 30% des importations de gaz et de pétrole proviennent de Russie.