Le pétrole monte légèrement, le marché scrute l'Irak et l'Ukraine
Vers 16H00 GMT (18H00 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août, dont c'est le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, valait 112,96 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 50 cents par rapport à la clôture de vendredi.
Sur le New York Mercantile Exchange(Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en juillet gagnait 11 cents, à 107,02 dollars.
Le Brent et le WTI évoluaient en modeste hausse (lundi), les investisseurs étant réticents à vendre du pétrole alors que la situation en Irak peut se détériorer à tout moment, expliquait Jasper Lawler, analyste chez CMC Markets.
Les jihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL) se sont emparés en quelques jours la semaine passée de la deuxième ville d'Irak, Mossoul, d'une grande partie de sa province Ninive (nord), de Tikrit et d'autres secteurs des provinces de Salaheddine, Diyala (est) et Kirkouk (nord).
Lundi, ils tentaient de prendre la totalité de Tal Afar, une enclave chiite dans la province majoritaire sunnite de Ninive. Stratégique, cette ville est située à 380 km au nord-ouest de Bagdad sur la route vers la frontière syrienne, alors que l'EIIL aspire à créer un État islamique dans la zone frontalière.Toutefois, la production pétrolière dans le sud du pays est toujours en sécurité, indiquaient les experts de Commerzbank, rappelant que 90% des 2,5 millions de barils par jour (mb/j) exportés par l'Irak partent de cette zone.
Selon eux, le Brent devrait perdre une bonne partie de sa récente hausse, parce que le groupe EIIL ne devrait pas réussir à gêner les livraisons irakiennes de pétrole. La référence européenne du brut est montée vendredi jusqu'à un plus haut en neuf mois, à 114,69 dollars le baril.
Cependant, le risque d'une guerre civile dans le deuxième producteur de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) justifie une prime de risque étant donné que la croissance de la production pétrolière irakienne pourrait ne pas se matérialiser en raison du manque de sécurité et d'une réticence à investir en conséquence, jugeaient les économistes de Commerzbank.
L'Irak ambitionne d'atteindre une production de 8,4 mb/j après 2018, a indiqué le ministre irakien du Pétrole Abdel Karim al-Luyabi la semaine dernière à Vienne, un objectif jugé trop ambitieux par beaucoup d'observateurs.
Le mois dernier, le pays a produit 3,33 mb/j, selon des sources secondaires citées par l'Opep, dont ce pays est le deuxième pays producteur derrière l'Arabie saoudite.
Les investisseurs gardaient par ailleurs un oeil sur l'Ukraine, autre source d'éventuelles tensions sur le marché mondial de l'énergie.
La Russie a mis sa menace à exécution lundi et coupé le gaz à l'Ukraine après l'échec de leurs négociations, Kiev refusant de rembourser ses dettes tant que la Russie n'aura pas baissé le prix du gaz.
Mais l'entreprise Gazprom va tout de même laisser entrer les volumes destinés aux pays européens et transitant par l'Ukraine.