Marché hésitant; les interrogations sur la demande persistent
Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin, s'échangeait à 120,86 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 75 cents par rapport à la clôture de lundi.
Il avait reculé jusqu'à 119,03 dollars à l'ouverture du marché new-yorkais, tombant sous le seuil des 120 dollars pour la première fois depuis deux semaines.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai gagnait à l'inverse 44 cents à 107,56 dollars.
"Les inquiétudes sur l'économie dominent le marché. Le regain de craintes sur les dettes souveraines en zone euro, le relèvement en Chine des réserves obligatoires des banques et, enfin, l'avertissement de Standard & Poor's, tout cela pèse sur le pétrole", soulignait Andrey Kryuchenkov, du courtier VTB.
L'agence d'évaluation financière Standard & Poor's a abaissé lundi à "négative", contre "stable" auparavant, la perspective d'évolution de sa note sur la dette des Etats-Unis, accélérant la baisse des cours du baril.
Un peu plus tôt lundi, l'Arabie Saoudite avait indiqué avoir diminué sa production, un mouvement expliqué par les analystes par une faible demande.
A la suite de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), le ministre saoudien du Pétrole avait par ailleurs estimé que le marché était "abondamment" approvisionné.
"La demande reste la préoccupation principale des investisseurs", qui redoutent une érosion face à un niveau de prix élevés, précisait M. Kryuchenkov.
Un net affaiblissement de la monnaie américaine, qui a encore perdu du terrain face à un euro revigoré, a cependant permis au marché du pétrole de limiter ses pertes sur la place londonienne et de revenir dans le vert à New York.
Une dépréciation du billet vert rend plus attractifs les achats de brut libellés en dollars.
Par ailleurs "les investisseurs restent réticents à opérer des prises de bénéfices malgré des cours élevés", notamment en raison des incertitudes persistantes dans le monde arabe, a estimé Filip Petersson, analyste de la banque suédoise SEB.
Alors que les combats entre insurgés et forces loyalistes du colonel Kadhafi se poursuivent en Libye, la perte du brut libyen, dont la qualité, légère et pauvre en soufre, est très prisée des raffineurs, "est définitivement un problème, et l'Opep a été plus ou moins incapable de le résoudre", a jugé Filip Petersson.
Les investisseurs surveillaient par ailleurs la situation au Nigeria, premier producteur de brut africain, où la victoire du Goodluck Jonathan, chef d'Etat sortant, à l'élection présidentielle organisée dimanche a été accueillie par des émeutes meurtrières dans le Nord du pays.
Cependant, "il est peu probable que le pétrole monte beaucoup plus", ont jugé les analystes de Commerzbank.
Selon eux, "la guerre civile en Libye et la poursuite des troubles dans les autres pays arabes vont probablement empêcher la prime de risque intégrée dans les cours de chuter fortement, mais il faudra probablement des nouveaux facteurs pour les faire remonter".
jq
(AWP/19 avril 2011 18h30)