Forte baisse du brut à New York, questions sur l'offre
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en mai a terminé à 107,12 dollars, en repli de 2,54 dollars par rapport à vendredi.
A Londres, sur l'IntercontinentalExchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance juin a perdu 1,84 dollar à 121,61 dollars.
Plusieurs facteurs se sont combinés pour enfoncer les prix, notamment l'idée d'une offre assez abondante.
Le ministre du Pétrole saoudien a affirmé que le marché était "approvisionné en abondance", en même temps qu'il reconnaissait que la production de son pays, premier exportateur mondial de brut, n'avait atteint que 8,29 millions de barils par jour en mars contre 9,1 millions de barils le mois précédent.
Ce constat d'abondance a également été exprimé par le secrétaire général de l'Opep, Abdallah El Badri, au cours du week-end.
"Si l'Opep est prête à dire cela, c'est qu'il doit y avoir beaucoup de pétrole sur le marché", a observé Rich Ilczyszyn, de Lind-Waldock. "On le sait aux Etats-Unis, on voit les stocks s'entasser semaine après semaine".
Les inquiétudes au sujet d'une restriction de l'offre, dues aux tensions géopolitiques dans le monde arabe, avaient contribué ces dernières semaines à faire grimper le pétrole à des niveaux records depuis septembre 2008, avant que ceux-ci ne lâchent un peu de lest la semaine passée.
"Selon des sources saoudiennes, l'abaissement de la production a aussi été décidé à cause d'une baisse de la demande", ont précisé les analystes de Commerzbank.
Pour Phil Flynn, de PFG Best Research, l'impact de l'annonce d'une baisse de la production saoudienne, qui aurait pu déclencher une hausse des prix, a été nuancé par le fait que "personne ne veut acheter leur +light sweet crude+", un nouveau mélange que les Saoudiens ont proposé aux Européens pour combler la perte du pétrole libyen.
Les analystes de JPMorgan se sont également montrés prudents face aux annonces du week-end.
"Il y a un vrai danger que, en répondant à des conditions spécifiques en terme de type de brut pour des marchés régionaux, l'Opep prépare le terrain à de nouvelles hausses de prix. En dehors des marchés liés à Cushing (le terminal où s'accumule le light sweet crude texan, ndlr), les stocks de brut sont assez restreints", ont-ils noté.
"Et avec la fin de la période de maintenance pour les raffineries et l'arrivée de l'été, période de forte consommation, les stocks devraient rapidement diminuer", ont-ils ajouté.
Le marché pétrolier s'est aussi révélé sensible à l'abaissement de la perspective de la note de la dette américaine par l'agence Standard and Poor's.
"Les perspectives de croissance vont être relativement faibles. C'est une autre raison pour que l'offre s'accumule et que la demande faiblisse un peu", a observé Rich Ilczyszyn.
Enfin un nouveau relèvement des réserves obligatoires des banques en Chine pesait sur le marché pétrolier.
"Cela pourrait ralentir un peu la demande de pétrole", a expliqué Phil Flynn, alors que les autorités chinoises tentent de dompter leur économie, en raison d'une inflation élevée.
rp
(AWP/19 avril 2011 06h20)