Rosneft: le bénéfice net trimestriel chute de 14% malgré la hausse des ventes
La baisse du bénéfice net, qui s'est élevé à 88 milliards de roubles (1,8 milliard d'euros), s'explique par un effet de changes négatif lié à la réévaluation de ses emprunts en devises, a indiqué dans un communiqué le groupe contrôlé par l'Etat.
La monnaie russe a perdu environ 15% de sa valeur depuis le début de l'année, en raison du ralentissement de la croissance économique en Russie mais aussi des fuites massives de capitaux causées par les sanctions occidentales liées à la crise ukrainienne.
Le chiffre d'affaires s'est envolé de 69%, à 1.375 milliards de roubles (27,8 milliards d'euros), et l'excédent brut d'exploitation (Ebitda) a plus que doublé (+103%) à 289 milliards de roubles (5,8 milliards d'euros).
Cette croissance s'explique essentiellement par l'augmentation de nos ventes de pétrole et de produits pétroliers, ainsi que l'optimisation de nos canaux de ventes, qui ont totalement compensé la baisse des prix sur le marché, a souligné le groupe.
Sa production de pétrole est restée quasi stable au premier trimestre (+0,5% sur un an), à 4,2 millions de barils par jour, mais celle de gaz a plus que doublé (+121%), à 13,2 milliards de mètres cubes, du jamais vu pour le groupe qui a fait du gaz une de ses priorités. La production de ses raffineries est en hausse de 57%.Au total, sa production d'hydrocarbures a donc augmenté de 5% à 5 millions de barils équivalent pétrole par jour.
Rosneft est devenu début 2013 le premier producteur de pétrole coté en Bourse dans le monde avec le rachat de son concurrent TNK-BP, valorisé 55 milliards de dollars.
Nous continuons de nous concentrer sur l'accélération du programme d'amélioration de notre efficacité et sur l'amélioration de notre gestion des sous-traitants, a indiqué le directeur général, Igor Setchine, cité dans le communiqué.
Les analystes de Deutsche Bank ont souligné que les dépenses d'exploitation avaient été réduites de 25% et relevé le niveau très élevé des flux de trésorerie, qui ont triplé à 2,5 milliards d'euros.
Cela s'explique cependant par de faibles investissements, qui ont déjà entraîné une baisse de la production de certaines unités, ont-ils tempéré.
Rosneft, confronté au déclin de production de certains gisements hérités de la période soviétique, tente de développer de nouvelles ressources encore inexploitées.
Igor Setchine a ainsi cité comme priorité la préparation du lancement de la production des champs d'hydrocarbures dans l'Arctique, dans la mer de Kara.
Le patron de Rosneft, un proche du président Vladimir Poutine, est visé depuis lundi par des sanctions américaines liées à la crise ukrainienne.
Dans un entretien au quotidien Izvestia mercredi, il a qualifié cette décision d'insignifiante et l'a expliquée comme une manière pour les Etats-Unis de s'attaquer aux ambitions de Rosneft en Asie.
Alors que la Russie exporte la plus grande partie de son énergie vers l'Europe, Rosneft a conclu l'an dernier un contrat géant avec la Chine et met l'accent sur le développement de gisements en Sibérie ou dans l'Extrême Orient.
Je prends les mesures prises par Washington comme une reconnaissance de l'efficacité de notre travail, a indiqué M. Setchine.
Nous pouvons assurer nos actionnaires et partenaires, y compris américains, que cette efficacité ne va pas diminuer et que notre coopération, loin de souffrir, va se développer de manière dynamique, a-t-il ajouté.
Rosneft est lié notamment au britannique BP, qui détient 20% de son capital. Il est par ailleurs lié via un partenariat stratégique avec le géant américain ExxonMobil, qui a gagné accès à certains gisements dans l'Arctique russe en échange d'une part d'un méga-projet dans l'Alaska.
Mardi, Vladimir Poutine a cependant averti que les nouvelles sanctions américaines et européennes pourraient affecter les entreprises énergétiques occidentales en Russie.
gmo/lpt/cj