Outre-mer: Grève surprise des pompistes contre le décret sur les prix des carburants
A la Réunion, près de 90% des stations-service de l'île sont fermées, selon le président du syndicat réunionnais des exploitants des stations-service (SRESS).
Des longues files se sont formées devant les rares stations ouvertes où de nombreux automobilistes se plaignent d'avoir été pris par surprise, contrairement à la Guyane.Dans le département amazonien, le syndicat des gérants avait annoncé lundi le blocage pour 24 heures mardi. Les automobilistes avaient pris leurs précautions et même fait des réserves à l'aide de jerrycans.
En Guadeloupe, les 108 stations-service, y compris celle de La Jaille (banlieue de Pointe-à-Pitre) exploitée en gestion directe par Total, sont fermées. Les Guadeloupéens avaient devancé la confirmation du blocage des pompes par le président de l'Organisation professionnelle des gérants de stations-service (OPGSS), Patrick Collé.
L'opinion locale semblait très réservée à l'égard de ce mouvement. Le propos le plus courant est de leur reprocher de faire le chiffre d'affaires du mois en annonçant la fermeture de leurs stations.Quant à Mayotte, où Total dispose d'un monopole complet (importation, stockage, distribution), les 7 stations-service étaient fermées, pour la journée uniquement.
Le directeur général de Total Mayotte, Laurent Gautron, a vivement démenti auprès de l'AFP des allégation d'un journal local selon lesquelles l'entreprise aurait fait imprimer 5.000 tracts et sollicité une agence de communication. Nous n'avons pas non plus promis un 13e mois amélioré aux pompistes pour qu'ils fassent grève (...) Ce ne sont pas nos méthodes de négociation!, s'est indigné M. Gautron.
En revanche, nous protestons contre le manque de concertation et de dialogue entourant (ce) décret, a-t-il poursuivi, reprenant les termes d'une lettre ouverte à Victorin Lurel, publiée dans les journaux ultramarins mercredi dernier par des gérants, les sociétés pétrolières et les transporteurs.
bras de fer avant publication
Le ministère des Outre-mer a annoncé mardi à l'AFP que les gérants seraient reçus le 18 décembre et les compagnies pétrolières le 20. Ils demandaient à être reçus et ils vont l'être. Mais une +concertation+ ne consiste pas à demander uniquement l'ajournement ou l'abandon du décret, a-t-on précisé au ministère.
Ils contestent la remise en cause des modalités de fixation du prix des carburant outre-mer où, à l'inverse de la métropole, les prix ne sont pas libres mais fixés chaque mois par les préfets.
Le nouveau décret, visant à lutter contre la vie chère, doit entrer en application au 1er janvier 2014. Il impose aux pétroliers de justifier de leur coût d'importation du carburant et plafonne à 9% les rendements financiers dans le raffinage et le stockage.
Les pompistes craignent une libéralisation des prix à la pompe qui ferait baisser leur marge ainsi que la perte de 7.000 emplois dans les Dom, selon leurs représentants. Selon des chiffres ministériels, le secteur pétrolier dans son ensemble compte environ 6.000 emplois, dont 3.600 dans les stations-service.
Le ministre a reçu le soutien l'association regroupant les 51 parlementaires d'outre-mer, par le biais d'une lettre de son président à François Hollande, et de l'Autorité de la concurrence, qui a émis un avis favorable au projet de décret, jugeant qu'il permet de mieux contrôler les marges des pétroliers par la plus grande transparence du fonctionnement de la filière.
Les gérants de station-service craignent que les pétroliers, dont les marges seraient réduites, cherchent à en retrouver en augmentant les loyers des stations-service, en les reprenant en gestion directe ou encore en les automatisant.
Des menaces de grève étaient évoquées mais plutôt pour le 15 décembre. Cette date aurait notamment coïncidé avec le déplacement du chef de l'Etat en Guyane, où des mouvements de protestation ont déjà eu lieu cette année.
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