Carburants dans les DOM: le secteur pétrolier critique le décret Lurel
Le projet de décret vise à réguler les marges jugées trop élevées des compagnies pétrolières dans les cinq départements d'outre-mer où, à la différence de la métropole, les prix sont fixés chaque mois par le préfet.
Malgré des sollicitations répétées et pour des raisons que nous ignorons, votre ministère s'entête à ne pas vouloir dialoguer, à ne pas vouloir écouter, à ne pas vouloir chercher à comprendre, écrivent les représentants du secteur dans une lettre ouverte au ministre, publiée par des journaux locaux.Nous voilà aujourd'hui mis devant le fait accompli, informés en novembre de nouvelles dispositions à appliquer dès le 1er janvier 2014 et dont les conséquences économiques et sociales seront désastreuses, ajoutent-ils.
La lettre est signée de l'intersyndicale des gérants de stations-service des DOM, de la société réunionnaise des produits pétroliers (SRPP, coentreprise de Total et Shell), la société anonyme de la raffinerie des Antilles (Sara, qui appartient à Total, Rubis et Esso), du groupement de grossistes GPP et encore de transporteurs routiers.
Le projet de décret Lurel, qui remplace un précédent texte adopté en 2010 après un mouvement social, impose notamment aux pétroliers de détailler et de justifier leurs surcoûts d'importation et plafonne à 9% les rendements financiers dans le raffinage et le stockage, avec l'objectif de réduire les prix à la pompe.Les gérants de stations-service craignent notamment que l'effritement des marges n'entraîne la disparition des pompistes, dont le métier perdure outre-mer mais a disparu en métropole.
Ils font valoir que le décret n'aurait qu'un impact minime pour le consommateur, voire qu'il pourrait faire augmenter les prix, la Sara ayant renoncé à la gestion des stocks stratégiques.
Il a fallu un énorme travail pour mettre en place le système actuel, au bénéfice de tous, plaident les pétroliers dans leur lettre.
Ces derniers réitèrent leur appel à une véritable concertation qui devrait s'appuyer sur une analyse préalable objective du dispositif actuel, avec tous les représentants de la filière.
Le secteur en outre-mer avait déjà dénoncé dans un courrier du 28 novembre à Jean-Marc Ayrault, dont l'AFP a eu copie, ce qu'il avait appelé le passage en force de Victorien Lurel.
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