L'Opep se dirige vers le statu quo, malgré une demande déclinante
Plusieurs ministres des pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) ont récemment laissé entendre que le plafond collectif de production, fixé à 30 millions de barils par jour (mbj) depuis fin 2011, serait reconduit.
Je ne m'attends pas à ce que cela change car la production répond jusqu'à présent aux besoins des consommateurs, a ainsi déclaré le ministre koweïtien du Pétrole, Mustafa al-Shamali, mi-novembre. Le cartel fondé en 1960, qui compte actuellement douze États du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique latine, pompe environ un tiers de la production mondiale de brut.
Les prix du pétrole sont toujours dans la fourchette qui satisfait la plupart des membres donc il n'y a pas beaucoup de raison de réduire la production, explique à l'AFP Thomas Pugh, économiste du cabinet Capital Economics.
Cette année, les prix du Brent ont oscillé dans une fourchette comprise entre 100 et 120 dollars le baril, descendant seulement brièvement sous la barre des 100 dollars au printemps.Si vous faites la moyenne entre le WTI et le Brent, nous sommes à peu près au niveau des 100 dollars que l'Arabie Saoudite considère comme un prix juste, renchérit Harry Tchilinguirian, stratégiste chez BNP Paribas, auprès de l'AFP.
L'accord intérimaire sur le programme nucléaire iranien conclu le week-end dernier ne devrait pas non plus être un facteur suffisant pour changer le plafond de production, étant donné le maintien de l'embargo sur les exportations pétrolières de l'Iran.
Et ce d'autant plus que les problèmes d'offre persistent chez un autre membre du cartel, la Libye, où divers mouvements de protestations ont fait chuter la production de brut à 250.000 barils par jour contre 1,5 mbj en temps normal.
Une demande déclinante pour le brut de l'Opep
Pourtant, une baisse de la production pourrait être nécessaire étant donné la moindre demande de brut de l'Opep l'année prochaine, juge Carsten Fritsch, analyste de Commerzbank, dans un entretien à l'AFP.
En effet, malgré un appétit mondial en légère hausse, la demande pour le pétrole en provenance de l'Opep devrait passer de 30 mbj en 2013 à 29,10 mbj l'année prochaine, selon les prévisions de l'Agence internationale de l'Énergie (AIE).
L'Opep elle-même prévoit un déclin de la demande pour son brut jusqu'en 2017, principalement à cause de l'importante hausse de l'offre de pétrole hors-Opep.
Pour M. Fritsch, le plus grand défi pour le cartel est ainsi la rapide augmentation de la production de pétrole de schiste aux États-Unis, qui a fait bondir la production du pays de 50% en cinq ans.
Pourtant, lors de sa dernière réunion en mai, l'Opep est apparue assez sereine face à l'augmentation massive de la production américaine.
D'ailleurs, l'AIE a averti le mois dernier que cette révolution ne durerait pas et que les États-Unis, appelés selon elle à devenir premier producteur mondial de brut devant l'Arabie Saoudite d'ici deux ans, ne resterait qu'une dizaine d'années sur la première marche du podium.
Entre temps, l'Opep va simplement investir moins dans ses capacités de production pour le futur et produira évidemment un peu moins afin de soutenir les prix, estime M. Tchilinguirian.
Le cartel a pompé en octobre un volume inférieur à son plafond pour le deuxième mois consécutif, à 29,89 mbj, selon l'AIE.
Un nouveau secrétaire général ?
Cette 164é réunion doit également permettre aux membres de l'Opep de se mettre d'accord sur un nouveau secrétaire général, dont la nomination a été repoussée d'un an faute d'accord entre l'Arabie Saoudite, l'Iran et l'Irak, qui défendent chacun un candidat.
L'actuel secrétaire général, le Libyen Abdallah El-Badri, a enchaîné deux mandats de trois ans depuis le 1er janvier 2007 avant d'être reconduit pour une année supplémentaire en décembre dernier.
Le secrétaire général de l'Opep a essentiellement une fonction de représentation, mais il est également chargé de préparer les réunions et de favoriser les rapprochements entre les vues souvent divergentes des États.