Le brut se ressaisit, dans un marché soutenu par les tensions en Libye
Vers 17H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai s'échangeait à 115,45 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 49 cents par rapport à la clôture de lundi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en avril grimpait de 1,42 dollar à 103,75 dollars.
Les cours du brut rebondissaient après avoir évolué en baisse jusqu'à la mi-séance.
"Les prix du baril sont très volatils, alors que les bombardements de la coalition en Libye entretiennent la nervosité du marché", soulignait Filip Petersson, analyste de la banque SEB.
De violents combats opposaient mardi les rebelles aux forces pro-Kadhafi dans l'ouest du pays, alors que l'offensive aérienne de la coalition internationale contre le régime se poursuivait pour le quatrième jour.
"La situation en Libye semble encore loin d'être résolue, le pays semblant être entré dans ce qui devrait probablement être une période prolongée de bouleversements politiques et économiques, avec une réduction significative de ses capacités d'exportations (de pétrole), quelle que soit l'issue militaire immédiate du conflit", confirmaient les analystes de Barclays Capital.
La situation alimente ainsi les craintes d'une crise prolongée, rendant improbable un retour rapide de la production libyenne de brut (environ 1,6 million de barils par jour avant le conflit) sur le marché.
Or, dans le même temps, "des mouvements de protestation interviennent au Yémen et en Syrie, et les tensions persistent à Bahreïn", un environnement qui accroît les incertitudes dans la région et "justifie une prime de risque pour les prix du pétrole", ajoutait Commerzbank.
Au Yémen, le président Ali Abdallah Saleh a mis en garde mardi contre le risque d'une guerre civile, après le ralliement de dizaines d'officiers du régime à la contestation.
En Syrie, plus d'un millier de manifestants scandant des slogans contre le régime se sont rassemblés mardi à Deraa, vite encerclés par les forces de l'ordre.
"Il semble toutefois que, même si les violences persistantes en Libye continuent d'affecter les prix du pétrole, les tensions politiques à travers le Moyen-Orient sont déjà intégrées en partie par le marché", tempérait Myrto Sokou, du courtier Sucden Financial.
Selon elle, les prix étaient aussi portés "par un regain d'optimisme sur le Japon, dont l'économie pourrait se reprendre plus vite qu'attendu", entrant dans une phase de reconstruction qui verrait croître sa demande énergétique.
Le Japon pourrait avoir recours aux énergies fossiles, notamment par une consommation accrue de brut et de produits pétroliers, pour compenser la fermeture d'une partie de son parc nucléaire, suite au séisme et au tsunami destructeurs qui ont frappé l'archipel le 11 mars.
A court terme, la demande pétrolière nippone pourrait cependant diminuer, dans une économie mise à mal par la catastrophe.
Par ailleurs, "le Japon a vendu une partie du pétrole non utilisé par les raffineurs, le remettant sur le marché mondial, cela exerce une pression à la baisse" sur les cours du brut, expliquait Phil Flynn, de PFG Best.
rp
(AWP/22 mars 2011 18h56)