Le brut ploie sous l'incertitude budgétaire américaine
Vers 16H10 GMT (18H10 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre valait 107,90 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 73 cents par rapport à la clôture de vendredi - après être tombé vers 14H00 GMT à 107,22 dollars, son minimum depuis le 9 août.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait 1,15 dollar, à 101,72 dollars - après être tombé vers 14H00 GMT à 101,05 dollars, son plus bas depuis le 6 juillet.
Le WTI est "tombé à un plus bas en trois mois à cause des inquiétudes que la fermeture de l'Etat fédéral américain réduise la demande de pétrole et menace les perspectives de croissance pour le dernier trimestre de 2013", expliquait Michael Hewson, analyste chez CMC Markets.
L'État fédéral américain pourrait en effet se retrouver en partie bloqué à partir de mardi matin, et des centaines de milliers de fonctionnaires fédéraux mis en congés sans solde, si les négociations entre démocrates et républicains n'aboutissent pas d'ici 23H59 à Washington à un budget provisoire.
Le Sénat américain reprend ses travaux à 18H00 GMT et devrait rejeter un projet de loi de finances adopté dans la nuit de samedi à dimanche par la Chambre des représentants, renvoyant ainsi les négociations à la case départ.
Selon des prévisions, une fermeture partielle des services publics pendant deux semaines pourrait réduire la croissance économique de 0,3% à 0,5%.
"Même le Brent a été sous pression, atteignant son plus bas en plus d'un mois, à cause d'un climat géopolitique plus stable au Moyen Orient et un indice PMI chinois décevant", ajoutait Michael Hewson.
Le rapprochement entre les États-Unis et l'Iran ainsi que les avancées sur la question de la destruction des armes chimiques syriennes ont tout particulièrement pesé sur les cours du brut ces derniers temps.
La semaine dernière, les Iraniens ont accepté de reprendre les négociations sur leur programme nucléaire et les chefs de la diplomatie des deux pays, John Kerry et Mohammad Javad Zarif, se sont rencontrés jeudi en marge de l'assemblée générale de l'ONU.
Et vendredi, les présidents iranien et américain se sont parlés au téléphone, nouant ainsi un contact sans précédent à ce niveau depuis la révolution islamique de 1979.
Les pays occidentaux accusent l'Iran de chercher à fabriquer l'arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil, ce que l'Iran dément.
En cas de succès des négociations, cela pourrait conduire à terme à la levée des sanctions occidentales contre Téhéran, dont un embargo sur le pétrole iranien. Plusieurs analystes estimaient que cela pourrait se traduire par l'arrivée sur le marché mondial d'un million de barils de pétrole supplémentaires par jour.
"Étant donné l'incertitude politique aux États-Unis et en Italie (démission des ministres de Silvio Berlusconi au cours du week-end) et le rapprochement évident entre les États-Unis et l'Iran, il y a un risque que le pétrole recule davantage lors des prochains jours, vers 105 dollars pour le Brent et 100 dollars pour le WTI", pronostiquaient les économistes de Commerzbank.
Pour eux, ces facteurs "pourraient conduire les investisseurs spéculatifs à fermer leurs positions à l'achat et ainsi provoquer un mouvement de ventes massives" qui déclencherait une spirale baissière.
afp/cha
(AWP / 30.09.2013 18h40)