Le brut en forte hausse, tensions au Moyen-Orient stimulent le marché
Vers 17H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril s'échangeait à 114,01 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, bondissant de 3,41 dollars par rapport à la clôture de la veille.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance s'envolait de 2,92 dollars, à 100,90 dollars.
Les cours du baril effaçaient ainsi désormais une grosse partie des lourdes pertes enregistrées mardi, au cours d'une séance qui avaient vu le prix du Brent dégringoler de plus de 5 dollars.
"Les prix du brut restent sur leur lancée et accélèrent leur rebond. Le marché a été rasséréné ce matin par les tentatives des autorités japonaises" de refroidir les réacteurs de la centrale de Fukushima pour éviter une catastrophe nucléaire majeure, expliquait Myrto Sokou, de la maison de courtage Sucden Financial.
La fermeture de raffineries et le ralentissement économique de l'archipel, suite au séisme qui a touché le nord-est du pays, vendredi devraient réduire à court terme la consommation nippone de brut, mais le Japon devrait avoir recours à des énergies alternatives pour compenser l'interruption d'une partie de son parc nucléaire, ce qui devrait soutenir à moyen terme ses importations de pétrole et de gaz.
Dans le même temps, "les troubles persistants en Afrique du nord et au Moyen-Orient continuent d'apporter un soutien important pour les cours du baril, les marchés s'inquiétant des possibles ruptures d'approvisionnement qui pourraient en découler, ajoutait Mme Sokou.
A Bahreïn, royaume voisin de l'Arabie saoudite - premier exportateur mondial du brut, la répression de la contestation s'est accentuée jeudi, après l'intervention en début de semaine de troupes de pays du Golfe et l'assaut des forces de l'ordre contre des manifestants chiites mercredi à Manama.
En Libye, les forces du colonel Kadhafi poursuivaient jeudi leurs assauts contre les insurgés. Selon l'Agence internationale de l'Energie (AIE), la production de brut du pays est quasiment au point mort en raison des combats.
"Même si le gouvernement de Kadhafi reprend le contrôle des régions riches en champs pétrolifères et des infrastructures d'exportation, les sites pétroliers sont en partie détruits, et de plus, des sanctions (internationales) sont à attendre", ce qui pourrait empêcher tout retour rapide de la production libyenne de brut sur le marché, relevaient les experts de Commerzbank.
Le parcours en montagnes russes des prix, tiraillés entre les conséquences du désastre japonais et les tensions du monde arabe, devrait rester chaotique, estimait Myrto Sokou pour sa part.
"Les échanges ont été extrêmement volatils ces derniers jours, le marché est pris au milieu d'une tempête dont il n'est pas près de sortir", estimait-elle.
"Avec la crise japonaise, nous entrons dans une ère de risques systémiques: les marchés d'actifs peuvent subir des fluctuations extrêmes, pas toujours justifiées par les fondamentaux. Les mouvements de prix commencent déjà à être erratiques", confirmait Olivier Jakob, du cabinet Petromatrix.
sm
(AWP/17 mars 2011 18h50)