Le brut finit en hausse, tiraillé entre le Japon et le Moyen-Orient
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en avril a terminé à 97,98 dollars, en hausse de 80 cents par rapport à la clôture de mardi.
A Londres, sur l'Intercontinental Exchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance avril a gagné 2,10 dollars à 110,62 dollars.
C'est un petit rebond par rapport aux pertes enregistrées la veille -- le baril avait perdu environ 4 dollars -- et alors même que le prix a pris jusqu'à plus de 2 dollars en séance.
"Il y a deux facteurs dominants, avec le Japon et la contestation latente au Moyen-Orient", a expliqué Matt Smith, de Summit Energy.
Dans un premier temps, les prix ont été poussés à la hausse par les violentes manifestations à Bahreïn.
Les forces de l'ordre bahreïnies ont pris mercredi le contrôle du centre de la capitale, Manama, après un assaut contre des manifestants chiites qui a fait cinq morts.
"Cela fait vraiment peur au marché à cause de la proximité de Bahreïn avec l'Arabie Saoudite, et l'intervention de troupes saoudiennes. Les investisseurs craignent l'éventualité d'une contagion des troubles à l'Arabie Saoudite directement dans les régions clés pour la production de pétrole", a indiqué Matt Smith.
L'Arabie Saoudite est l'un des plus gros producteurs de brut dans le monde, le premier au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole.
Mais la progression du baril a été freinée par l'inquiétude grandissante de voir la catastrophe nucléaire se concrétiser au Japon.
Le commissaire européen à l'Energie Günther Oettinger s'est de nouveau dit très préoccupé mercredi par la situation dans le centrale nucléaire japonaise de Fukushima, parlant de "véritable catastrophe" et réaffirmant que la situation n'était plus sous contrôle.
Les craintes de voir chuter la demande en pétrole brut du Japon, troisième importateur mondial, après les séisme et tsunami dévastateurs de vendredi et la crise nucléaire qui en découle, pèsent très lourdement sur les cours de l'or noir.
"Le marché oscille, se concentrant alternativement sur les risques pour la demande et les risques pour l'offre, et cela crée de la volatilité", a observé Phil Flynn.
Pour les analystes de Commerzbank, "la situation toujours incertaine au Moyen-Orient et une demande plus forte de pétrole de la part du Japon pour l'électricité jouent contre une chute plus importante des prix".
Certains analystes estiment en effet que la fermeture des raffineries, les opérations de secours, puis de reconstruction, ainsi que les énormes problèmes dans les centrales nucléaires vont nécessiter de faire appel à des énergies alternatives, dont le pétrole.
"Mais combien de temps faudra-t-il pour que des villes qui ont été rayées de la carte retrouvent un besoin normal en électricité, pour que les usines rouvrent? Jusqu'à ce que la situation nucléaire soit sous contrôle on ne peut pas chiffrer quand la demande va augmenter", a toutefois estimé Phil Flynn.
Dans ce contexte incertain, les indicateurs économiques du jour et les statistiques hebdomadaires du département de l'Energie sur l'état des stocks aux Etats-Unis sont passés au second plan, a noté Matt Smith.
La semaine a été marquée par une chute des stocks de produits raffinés, de 4,2 millions de barils pour l'essence et de 2,6 millions de barils pour les produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage). Les réserves de brut ont elles, sans grande surprise, augmenté de 1,7 million de barils.
rp
(AWP/17 mars 2011 06h20)