Le brut new-yorkais rattrape le Brent londonien en clôture
(reprise de vendredi soir)
New York - Les cours du brut coté à New York ont rattrapé vendredi les cours du Brent londonien, après avoir été longtemps pénalisés par des problèmes d'engorgement du brut aux Etats-Unis, dopés par un optimisme croissant pour la demande américaine en brut.
Le baril de "light sweet crude" (WTI) a dans un premier temps clôturé, vers 18H30 GMT/20h30 HEC, à New York à 108,05 dollars, en hausse d'un cent par rapport à la veille, et au-dessus des prix du baril de Brent --encore échangé jusqu'à 19H15 GMT environ-- pour la première fois depuis le 16 août 2010.
Les deux barils de brut clôturent leurs séances d'échanges respectives, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), pour le brut américain, et sur l'Intercontinental Exchange (ICE), pour le pétrole londonien, à un peu plus d'une demi-heure d'intervalle.
Mais le Brent de la mer du Nord a repris du terrain par la suite, parvenant à se hisser au coude à coude avec son concurrent américain en fin de séance, et terminer à 108,07 dollars, soit 2 cents au-dessus du WTI, et en baisse de 63 cents par rapport à jeudi.
Quoi qu'il en soit, les prix de deux barils n'ont cessé d'osciller autour des mêmes seuils dans la journée, marquant une étape importante pour les observateurs.
"La prime sur les prix du Brent, qui se réduisait comme une peau de chagrin depuis quelques jours, a complètement disparu", a commenté Matt Smith, de Schneider Electric.
L'or noir américain, qui évoluait historiquement au-dessus du Brent en raison de sa qualité légèrement supérieure, souffrait depuis mi-août 2010 d'une décote à cause de l'engorgement à Cushing dans l'Oklahoma (centre sud des États-Unis) du brut servant de référence pour le WTI.
Le manque d'oléoducs pour transporter le pétrole arrivant du Canada et du nord des États-Unis vers les raffineries du Golfe du Mexique oblige en effet à utiliser des moyens de transports plus coûteux (route, rail ou fleuve).
Mais depuis quelques mois, de nettes améliorations logistiques pour l'acheminement du brut ont occasionné une baisse des stocks à Cushing : les réserves de brut à ce terminal pétrolier sont passées de près de 52 millions de barils en janvier, un niveau record depuis le début du recensement de ces stocks en 2004, à 46 millions de barils la semaine dernière.
Et à l'échelle du pays, les stocks de brut, qui avaient atteint des niveaux records en plus de 80 ans fin mai, selon un barème mensuel du ministère de l'Energie américain (DoE), ont nettement reculé depuis, dégringolant de 27 millions de barils au cours des trois dernières semaines.
"Avec l'espoir que le désengorgement de Cushing se poursuive, les investisseurs qui s'étaient réfugiés vers le Brent reviennent en masse vers ce brut", considéré de bonne qualité par les experts, a expliqué quant à lui Matt Smith.
En conséquence, la demande des raffineries américaines, notamment dans le Golfe du Mexique, est en constante augmentation. Et, en période de vacances estivales, la consommation d'essence augmente, accentuant l'optimisme des courtiers sur la demande en brut du premier consommateur mondial de la planète.
"Mais le problème d'engorgement du brut aux Etats-Unis n'est pas pour autant complètement résolu", a tempéré James Williams, de WTRG Economics, selon qui le Brent est susceptible de reprendre nettement du terrain au cours de la semaine prochaine.
Selon lui, il est très probable que "dans un ou deux ans, les deux barils s'échangeront à des niveaux similaires, comme ils l'ont toujours fait" jusqu'à 2010.
Pour Phil Flynn, de Price Futures Group cependant, le baril américain dispose d'un atout de taille pour s'imposer: "Au regard des indicateurs économiques mondiaux, et des difficultés économiques en Europe et en Asie, il est clair qu'une part essentielle de la demande en brut va venir des Etats-Unis" dans un futur proche.
afp/rp
(AWP / 22.07.2013 06h21)