Les prix du brut chutent, ébranlés par la crise nucléaire au Japon
Vers 17H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril s'échangeait à 110,87 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en chute de 2,80 dollars par rapport à la clôture de lundi.
Il avait dégringolé brièvement de plus 5 de dollars à la mi-séance, tombant sous les 110 dollars pour la première fois depuis trois semaines.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance reculait de 2,11 dollars, à 99,08 dollars, après avoir glissé à son plus bas niveau depuis deux semaines, à 96,71 dollars.
Le vent de panique qui a balayé mardi les Bourses mondiales n'a pas épargné pas les cours du baril, les opérateurs s'inquiétant de voir la crise nucléaire s'aggraver au Japon après une nouvelle explosion à la centrale de Fukushima 1, où les accidents se succèdent depuis le violent séisme de vendredi.
"On redoute d'arriver à une situation de fuites radioactives substantielles, ce qui plomberait probablement la reconstruction du pays et affecterait l'activité économique, réduisant d'autant plus la consommation pétrolière du Japon", commentait Bjarne Schieldrop, chef analyste de la banque SEB.
Au moins six des 27 raffineries japonaises ont été arrêtées à la suite du séisme, paralysant 31% des capacités de raffinage de l'archipel nippon, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), ce qui devrait entraîner une forte diminution à court terme des importations de brut du pays.
Par ailleurs, "les destructions matérielles, le rationnement de l'électricité et les dommages infligés aux infrastructures devraient pénaliser, à court terme, la croissance économique du Japon" et donc sa demande énergétique, soulignait Christophe Barret, de Crédit Agricole.
Cette situation préoccupe les marchés, car le Japon est le troisième consommateur de brut dans le monde, et sa reconstruction pourrait se trouver hypothéquée par un accident nucléaire majeur.
"Il y a bien trop d'incertitudes, cela précipite la chute des prix du baril, dans le sillage des lourdes pertes des places boursières. Les investisseurs veulent réduire leur exposition au risque sur les marchés, et cela a entraîné des mouvements de vente massifs sur le pétrole", expliquait Myrto Sokou, de la maison de courtage londonienne Sucden.
A moyen terme, cependant, le Japon pourrait utiliser plus d'hydrocarbures pour la production d'électricité, afin de compenser la fermeture de centrales nucléaires dans l'archipel, ce qui pourrait accroître finalement sa consommation pétrolière de quelque 200'000 barils selon l'AIE.
"En revanche, un regain des risques géopolitiques en Afrique du nord et au Moyen-Orient continue de fournir un soutien aux prix du brut", tempérait Christophe Barret.
A Bahreïn, pays adjacent de l'Arabie saoudite, premier exportateur de brut du monde, le roi Hamad Ben Issa Al-Khalifa a proclamé l'état d'urgence pour trois mois, au lendemain de l'arrivée de troupes du Golfe venues l'aider à contenir la contestation chiite.
En Libye, où les forces pro-Kadhafi reprenaient l'avantage, la production était presque à l'arrêt ces derniers jours en raison des combats, selon l'AIE.
rp
(AWP/15 mars 2011 18h30)