Le brut se stabilise à New York, le marché évalue la demande japonaise
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en avril a terminé à 101,19 dollars, en hausse de 3 cents par rapport à vendredi.
A Londres, sur l'Intercontinental Exchange, le baril de Brent de la mer du Nord à échéance avril a perdu 17 cents à 113,67 dollars.
"Le marché du pétrole s'est un peu emballé, le baril tombant jusqu'à 98,47 dollars, et on voit se développer des niveaux de soutien", a constaté Rich Ilczyszyn, de Lind-Waldock.
Le net repli observé à l'ouverture, lié aux craintes de voir la demande de brut du Japon diminuer après le terrible séisme qui a secoué le pays vendredi, s'est comblé au fur et à mesure de la séance, l'évolution du cours devenant même positive en toute fin.
"On n'est pas sorti d'affaire au Moyen-Orient", a souligné M. Ilczyszyn, même si l'attention des investisseurs s'en était un peu éloignée pour se concentrer sur le Japon.
Plus d'un millier de soldats saoudiens sont arrivés lundi à Bahreïn, selon les indications d'un responsable saoudien à l'AFP s'exprimant sous couvert de l'anonymat. Des troupes de la force commune des pays du Golfe étaient attendues dans l'émirat, pour aider à rétablir l'ordre alors que s'intensifie la contestation visant la dynastie sunnite.
"Ils ne se trouvent qu'à 60 miles (un peu moins de 100 kilomètres, ndlr) d'une zone clé pour l'exportation de pétrole", a souligné Rich Ilczyszyn.
En Libye, les forces de Mouammar Kadhafi avançaient sur Benghazi, la "capitale" des rebelles.
Auparavant, les investisseurs avaient passé l'essentiel de la séance à tenter d'évaluer l'impact du violent séisme et du tsunami qui ont ravagé le nord-est du Japon sur la demande de pétrole brut.
La catastrophe "a provoqué des dégâts importants au Japon ainsi que des arrêts ou suspensions de l'activité de certaines raffineries", a expliqué Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.
La fermeture des raffineries va à court terme affecter la demande de brut.
Entre 1,1 million de barils par jour et 1,4 million des capacités de raffinage sont hors service, soit un peu moins d'un tiers de la capacité totale au Japon, a rapporté Hussein Allidina, de Morgan Stanley.
Les importants dégâts occasionnés par la catastrophe et le ralentissement, voire l'arrêt de certaines activités, vont également entamer la consommation d'énergie japonaise.
Trois jours après le séisme, la production a été suspendue dans nombre d'usines lundi, les transports perturbés et la consommation d'énergie limitée pour éviter le black-out.
Pas une voiture n'est sortie des chaînes de production des grands constructeurs d'automobiles japonais, Toyota, Honda et Nissan.
"Le marché anticipe qu'il faudra du temps pour déterminer quelle portion de la demande va être perdue", a observé Andy Lipow.
La suspension des activités de raffinage devrait affecter le marché du gazole en Asie, le Japon exportant habituellement une partie des produits raffinés sortis de ses installations, a ajouté l'analyste.
Le marché s'interrogeait par ailleurs sur les conséquences des problèmes rencontrés dans le parc nucléaire japonais, très fragilisé par le séisme et le tsunami.
Les uns après les autres, les réacteurs endommagés menacent d'échapper à tout contrôle, mais les autorités excluent pour l'heure tout risque d'accident majeur.
Le Japon pourrait utiliser plus de pétrole pour la production d'électricité.
"En 2007, lorsque le séisme de Niigita-Chuestsu-Oku avait provoqué la fermeture de la centrale nucléaire de Kashiwasaki-Kariwa, la capacité de production perdue avait dû être remplacée par d'autres sources comme le charbon, le gaz naturel, les produits pétroliers (et l'utilisation directe de brut)", a noté Adam Sieminski, de Deutsche Bank.
rp
(AWP/15 mars 2011 06h20)