Le brut se replie, inquiétudes sur la demande japonaise après le séisme
Vers 17H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril s'échangeait à 113,21 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 63 cents par rapport à la clôture de vendredi.
Il réduisait un peu ses pertes après être descendu jusqu'à 111,16 dollars, son plus bas niveau depuis trois semaines.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance lâchait quant à lui 99 cents à 100,17 dollars, après être passé plus tôt lundi sous les 99 dollars pour la première fois depuis deux semaines.
"Les opérateurs continuent d'évaluer l'impact du séisme japonais sur le marché du pétrole. La destruction ou les perturbations dans les raffineries du pays vont clairement diminuer ses importations de brut, mais faire bondir les importations de produits pétroliers" raffinés à l'étranger, expliquait Bjarne Schieldrop, analyste de la banque suédoise SEB.
Le Japon est, après les Etats-Unis et la Chine, le troisième consommateur de pétrole dans le monde, avec une consommation moyenne de 4,25 millions de barils par jour en 2011, selon l'Agence internationale de l'Energie (AIE).
Des capacités de raffinage de 1,4 million de barils par jour, soit 31% des capacités du pays, ont été fermées après le séisme de magnitude 8,9 qui a frappé le Japon vendredi, selon les chiffres rapportés par le cabinet JBC Energy.
Dans un pays mis à mal par des destructions matérielles de grande ampleur, le ralentissement, voire l'arrêt de certaines activités industrielles, devraient également entamer la consommation d'énergie japonaise.
Cependant, l'archipel "pourrait en venir à compenser l'énergie de ses centrales nucléaires arrêtées par des centrales alimentées par du pétrole ou du charbon", une perspective propre à stimuler les cours du pétrole à moyen terme tempérait M. Schieldrop.
Alors qu'une partie des réacteurs de la centrale de Fukushima enchaînent les accidents, "l'interruption des réacteurs de 4 centrales nucléaires à la suite du séisme pourrait représenter une perte de 9 Gigawatts. Si cette capacité énergétique devait être remplacée par du pétrole, cela représenterait 350.000 barils par jour de brut", a estimé Torbjorn Kjus, analyste de DnB NOR Markets.
"Cette hausse de la consommation pétrolière pourrait être limitée à 150'000 ou 200'000 barils par jour, car d'autres hydrocarbures comme le gaz naturel liquéfié seront aussi utilisés", a-t-il précisé. Des chiffres qui devraient se concrétiser selon lui "d'ici deux à quatre mois".
Par ailleurs, "l'économie nippone elle-même devrait connaître un effort de reconstruction massif", qui devrait soutenir la demande nippone, ajoutait JBC Energy, relevant les injections massives de la Banque du Japon (BoJ).
Les opérateurs restaient par ailleurs attentifs aux tensions dans le monde arabe, susceptibles de nourrir la volatilité des prix.
En Libye, les forces de Mouammar Kadhafi poursuivaient lundi leur progression vers la "capitale" des rebelles Benghazi, tandis qu'à Bahreïn, la contestation s'intensifiait malgré l'arrivée de troupes de la force commune des pays du Golfe.
rp
(AWP/14 mars 2011 18h30)