Le brut dégringole, miné par la Fed
Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août valait 102,81 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 3,25 dollars par rapport à la clôture de mercredi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour juillet, dont c'est le dernier jour de cotation, perdait 2,82 dollars, à 95,42 dollars.
Les prix du pétrole effaçaient ainsi en une séance presque tous leurs gains de ces derniers jours, au cours desquels ils avaient été poussés à des plus hauts depuis plusieurs mois en raison des tensions géopolitiques au Moyen-Orient.
"Ce fut une journée dans le rouge, avec les prix du brut chutant à cause du renforcement du dollar et d'un indicateur chinois franchement mauvais", décrivait Michael Hewson, de CMC Markets.
"Il semble apparaître la crainte que le retrait graduel des stimulus, en raison d'une amélioration des indicateurs économiques, puisse faire s'éterniser la reprise", ajoutait-il.
En prévision de la poursuite de l'amélioration de l'économie américaine, la Fed a annoncé mercredi le retrait progressif de ses mesures de soutien à la première économie mondiale.
L'institution monétaire américaine devrait graduellement diminuer ses injections de liquidités dans le circuit financier du pays (85 milliards de dollars par mois) à partir de la fin de cette année, pour un arrêt au milieu de l'année prochaine.
Le dollar s'est trouvé renforcé par la perspective d'une décélération de ces injections, ces dernières diluant la valeur du billet vert.
Or le renforcement du billet vert rend plus coûteux les achats d'actifs libellés dans la monnaie américaine, comme c'est le cas du brut, pour les investisseurs munis d'autres devises.
"Nous sommes actuellement inquiets de l'impact (de la hausse du dollar) sur la demande de pétrole dans les marchés émergents à cause de l'affaiblissement de leur monnaie face au dollar", rapportait Olivier Jakob, de Petromatrix. La roupie indienne et le real brésilien sont particulièrement affectés.
La plus grande partie de la croissance de la demande mondiale d'or noir provient actuellement des pays émergents, Inde et Chine en tête.
C'est d'ailleurs pourquoi la publication d'un mauvais indicateur chinois jeudi lestait également les prix du pétrole.
La Chine a enregistré en juin sa plus forte contraction de la production manufacturière depuis neuf mois, selon l'indice PMI des directeurs d'achat publié par la banque HSBC.
Ce nouvel indice du ralentissement de la croissance dans la deuxième économie mondiale a été mal reçu par les investisseurs, pour qui il augure d'une moindre demande de brut en Chine, deuxième consommateur d'or noir de la planète.
fah
(AWP / 20.06.2013 18h31)