Le brut miné à New York par les incertitudes sur la Syrie et la Fed
(reprise de la veille)
New York - Le pétrole a terminé en légère baisse lundi à New York, les investisseurs se plaçant en retrait en attendant de voir comment évolue la situation en Syrie et avant une réunion importante de la Réserve fédérale (Fed).
Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juillet a perdu 8 cents pour clôturer à 97,77 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
Sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août a terminé à 105,47 dollars, en baisse de 46 cents par rapport à la clôture de vendredi.
Le prix du brut, dopé par la peur d'une escalade des tensions après l'annonce par les Etats-Unis d'un soutien accru aux rebelles syriens, avait terminé vendredi à son plus haut depuis fin janvier.
"Mais même si on a reçu des informations de nature à faire grimper les prix du brut ce week-end, les cours ont hésité ce lundi, se consolidant en attendant des nouvelles plus concrètes", selon Matt Smith, de Schneider Electric.
L'implication de Washington dans le conflit syrien a en effet provoqué dans un premier temps "beaucoup d'anxiété sur le marché", les investisseurs "craignant de voir les tensions s'étendre à l'ensemble de la région, où beaucoup de pétrole est en jeu", a remarqué John Kilduff, d'Again Capital.
Des inquiétudes d'autant plus prégnantes que d'autres acteurs internationaux s'impliquent dans le dossier, dont la Russie: le président Vladimir Poutine a mis en garde les Occidentaux contre toute velléité d'armer les rebelles syriens.
Quant à l'autre grand soutien de Damas, l'Iran, il s'est, par la voix de son nouveau président élu vendredi Hassan Rohani, déclaré contre toute intervention étrangère dans les affaires syriennes.
Mais l'élection de ce religieux modéré a par ailleurs été accueillie avec une prudence bienveillante. "L'élection de ce +diplomate pragmatique+ va peut-être repousser le calendrier d'une confrontation sur le programme nucléaire iranien", a remarqué Tim Evans de Citi.
Les Occidentaux ont en effet imposé un embargo financier et pétrolier à l'Iran, qu'ils soupçonnent de vouloir se doter de l'arme nucléaire sous couvert d'un programme civil.
Cet embargo a fait drastiquement chuter les exportations iraniennes de brut, qui se sont établies à 1,39 million de barils par jour (mbj) le mois dernier, contre 2,4 mbj début 2012, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
Parallèlement aux Etats-Unis, les opérateurs attendent toujours avec fébrilité la réunion du Comité de politique monétaire de la Fed mardi et mercredi, à l'issue de laquelle le président Ben Bernanke devrait s'exprimer sur la longévité du programme de soutien massif à l'économie américaine en place.
"Ralentir ou ne pas ralentir, telle est la question" que ne cessent de se poser les acteurs du marché, a remarqué Phil Flynn, de Price Futures Group.
Les injections massives de liquidités de la Fed dans le système financier américain ont en effet tendance à stimuler les investissements dans les actifs risqués, tels que le pétrole, et une éventuelle évolution de la politique monétaire de l'institution aurait des conséquences sur le marché.
La publication en début de séance d'indicateurs de bon augure pour l'économie américaine, de nature à revigorer la demande en brut du premier consommateur mondial d'or noir, avait pourtant aidé à inscrire les cours à la hausse.
A la surprise des analystes, l'activité manufacturière de la région de New York s'est redressée en juin, et la confiance des constructeurs américains de logements est remontée pour la première fois en sept ans à son niveau d'avant la crise immobilière et financière.
rp
(AWP / 18.06.2013 06h21)