Le brut accentue son recul, les stocks américains inquiètent
Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin, dont c'est l'avant-dernier jour de cotation, valait 101,92 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 68 cents par rapport à la clôture de mardi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait 70 cents à 93,51 dollars.
Les cours du baril étaient pénalisés mercredi par la publication du rapport hebdomadaire du Département américain de l'Énergie (DoE), "largement décevants en dépit d'un léger recul des stocks de brut", notait Torbjorn Kjus, analyste de DnB Bank.
Le DoE a ainsi fait état d'une diminution de 600'000 barils des réserves de brut aux États-Unis lors de la semaine achevée le 10 mai. Ces stocks enregistraient donc un léger reflux, après être montés la semaine précédente à un niveau record depuis 1982, "mais comme les niveaux restent extrêmement élevés, il est difficile de considérer (cette légère baisse) comme un signal encourageant", observait M. Kjus.
En revanche, les réserves de produits distillés (qui incluent le gazole et le fioul de chauffage) ont augmenté de 2,3 millions de barils, une hausse trois fois plus importante qu'attendu par les analystes.
Et les réserves d'essence, très surveillées avant la saison estivale des grands déplacements en voiture, ont bondi de 2,6 millions de barils à 217,70 millions de barils, contredisant largement les anticipations des experts qui avaient misé sur un repli de 700'000 barils.
Alors que les raffineries sont nombreuses à sortir d'une période de maintenance printanière et donc à augmenter leur consommation de brut pour accroître leur production de produits raffinés, "les stocks (de produits) grossissent, et la demande est restée très faible", notamment la consommation d'essence, "ce qui explique que le rapport du DoE ait tiré les prix vers le bas", expliquait Torbjorn Kjus.
Ces chiffres renforçaient en effet les inquiétudes sur la demande énergétique des États-Unis, premier consommateur de brut de la planète, dans un marché déjà inquiet des perspectives de la demande pétrolière en Europe, après l'annonce mercredi d'une poursuite de la récession dans la zone euro au premier trimestre.
Cependant, "alors que le deuxième trimestre est traditionnellement le plus faible de l'année pour la demande (pétrolière) dans le monde, c'est la question de l'offre qui domine l'attention des investisseurs. A la fois à court terme et à moyen terme, il y a une surabondance de l'offre de pétrole", soulignait David Hufton, analyste du courtier PVM.
Mardi, un rapport de l'Agence internationale de l'Énergie (AIE) avait ainsi assombri le marché, en estimant que l'accroissement de l'offre d'or noir entraîné par l'exploitation des hydrocarbures non-conventionnels en Amérique du Nord devrait devenir supérieur à l'augmentation de la demande dans les cinq prochaines années.
"Les jours où l'on évoquait une possible envolée des prix jusqu'à 200 dollars le baril sont terminés", commentait Olivier Jakob, analyste de Petromatrix, notant -- outre le gonflement de l'offre nord-américaine -- la hausse attendue des capacités de production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).
Loin d'avoir restreint son offre pour enrayer la chute des prix du baril de la mi-avril, les pays de l'Opep, qui pompent 35% du brut mondial, ont sensiblement gonflé sa production le mois dernier, selon l'AIE.
Enfin, "le renforcement du dollar (monté mercredi à un nouveau sommet depuis quatre ans et demi face au yen, ndlr) accroît encore la pression sur les cours du pétrole", en rendant moins attractifs les achats de brut, libellés dans la monnaie américaine, pour les investisseurs munis d'autres devises, ajoutait M. Hufton.
rp
(AWP / 15.05.2013 18h31)