Le brut plonge de 2 dollars, pénalisé par l'envolée du dollar
Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin valait 102,42 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 2,05 dollars par rapport à la clôture de jeudi.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait 2,14 dollars à 94,25 dollars.
"Les investisseurs se sont précipités pour provoquer une envolée du dollar" face à l'euro et au yen, dans la foulée des chiffres encourageants de la veille sur l'emploi aux Etats-Unis, et, pâtissant de ce billet vert renforcé, "les prix des matières premières ont chuté de concert, le pétrole subissant les plus fortes pertes", soulignait Nicholas Dale-Lace, analyste du courtier CMC Markets.
De fait, la forte appréciation de la monnaie américaine rendait bien moins attractifs les achats de brut, libellés en dollars, pour les investisseurs détenteurs d'autres devises.
De plus, "l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a exprimé ses inquiétudes sur les perspectives de la demande énergétique en Europe et en Chine (deuxième pays consommateur de brut, ndlr), ce qui a aussi contribué à pénaliser les cours du baril", poursuivait M. Dale-Lace.
Inquiet de la dégradation de la conjoncture économique et de l'aggravation de la crise en zone euro (sur fond de chômage record), le cartel a indiqué dans son rapport mensuel qu'il tablait désormais sur une demande mondiale de 89,66 millions de barils par jour (mbj) cette année, légèrement en-dessous de sa précédente estimation.
Dans le même temps, l'organisation a fait état d'une hausse sensible de la production totale de brut de ses Etats membres à 30,46 mbj en avril, à son plus haut niveau en cinq mois, avec une nette progression de l'offre de l'Arabie saoudite (premier exportateur d'or noir et chef de file de l'organisation).
Et selon le cabinet Oil Movements, qui recense les mouvements de tankers dans le monde, les acheminements de pétrole par mer en provenance des pays de l'Opep devraient grimper de 290.000 barils par jour au cours de la période de quatre semaines débutée le 27 avril.
Cette hausse de l'offre du cartel intervient en dépit d'une chute temporaire des cours du Brent sous 100 dollars le baril mi-avril - qui aurait pu inciter les pays de l'Opep à réduire leur production pour faire remonter les prix -, et ces chiffres étaient de nature à raviver les inquiétudes des investisseurs sur la surabondance de l'offre mondiale d'or noir, dont témoignaient également l'état des stocks américains.
A cet égard, les opérateurs continuaient de digérer le rapport hebdomadaire du Département américain de l'Énergie (DoE) publié mercredi: "malgré la hausse moins importante que prévue des stocks de brut (dans le pays), ces derniers atteignent tout de même leur plus haut niveau depuis 31 ans", rappelaient les experts de Saxo Banque.
Ce gonflement continu des stocks américains "pèse sur la tendance du marché et ne rassure toujours pas les investisseurs sur la situation de la demande", alors que les indicateurs économiques aux États-Unis restent encore très contrastés, commentaient-ils.
cha
(AWP / 10.05.2013 18h56)