Le brut se replie, prises de bénéfices et prudence avant les stocks
Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin valait 105,00 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 46 cents par rapport à la clôture des échanges électroniques lundi. La place londonienne rouvrait mardi après être restée fermée la veille pour cause de jour férié.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait 73 cents à 95,43 dollars.
"Ce recul est dû sans aucun doute à des prises de bénéfices de la part des investisseurs spéculatifs", car "le marché du pétrole reprend son souffle, après sa vigoureuse ascension entamée au milieu de la semaine dernière", commentaient les analystes de Commerzbank.
Le cours du baril WTI avait grimpé de plus de 5 dollars sur les trois séances de jeudi, vendredi et lundi, tandis que dans le même temps le baril Brent engrangeait plus de 6,50 dollars, dans un marché dopé notamment par des signaux économiques encourageants aux États-Unis, premier pays consommateur de brut au monde.
S'y était ajouté en fin de semaine dernière un regain de tensions géopolitiques au Moyen-Orient, où Israël a lancé depuis samedi deux raids aériens en Syrie, disant chercher à empêcher un transfert d'armes au Hezbollah libanais.
"Ces raids israéliens occupent désormais l'attention du marché (....) car il faut garder à l'esprit que les pays du Moyen-Orient produisent au total environ 25 millions de barils par jour", soit environ 28% de l'offre mondiale, "et la moindre escalade des tensions dans la région peut rapidement alimenter une forte montée des prix" du pétrole, estimait Tamas Varga, du courtier PVM.
Le marché du pétrole restait néanmoins toujours hanté par les inquiétudes sur la surabondance de l'offre d'or noir, en particulier aux États-Unis.
"Si on voit la prudence s'imposer à nouveau" sur le marché du pétrole, avec une "pression accrue sur le WTI" échangé à New York, c'est aussi en raison "des attentes d'un nouveau gonflement des réserves américaines de brut dans les chiffres hebdomadaires publiés mercredi" par le département américain de l'Énergie (DoE) , soulignait Alex Young, analyste chez CMC Markets.
Selon les analystes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires, le rapport hebdomadaire du DoE-- considéré comme un baromètre de la consommation énergétique des États-Unis -- devrait faire état d'une hausse des stocks de brut de 1,4 million de barils sur la semaine achevée le 3 mai.
Ces réserves s'étaient hissées la semaine précédente à leur plus haut niveau depuis au moins 1982 (année où la publication de données hebdomadaires a commencé), notamment en raison de l'engorgement du principal terminal pétrolier du pays, Cushing (situé dans l'Oklahoma, sud) où est stocké le brut texan servant de référence à la place new-yorkaise.
L'annonce de ce fort gonflement avait provoqué mercredi dernier une chute de près de 2,50 dollars du prix du WTI.
Les stocks d'essence, très surveillés à l'approche de la saison estivale des grands déplacements en voiture, sont quant à eux attendus par les analystes en hausse de 200'000 barils, et les réserves de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage) en hausse de 400'000 barils.
Enfin, en dépit de la chute des prix enregistrée sur la première quinzaine d'avril -- ce qui incite habituellement les pays producteurs à réduire leur offre pour faire remonter les cours --, les États membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dont l'Arabie saoudite -- chef de file du cartel -- ont "augmenté leur production en avril", rappelaient les experts de Commerzbank.
L'offre mondiale devrait donc rester élevée et ainsi continuer de peser sur les prix, soulignaient-ils.
rp
(AWP / 07.05.2013 18h34)