Le brut chute à New York, les stocks de brut au plus haut depuis 1982
(reprise de la veille)
New York - Le prix du pétrole coté à New York a plongé mercredi de près de deux dollars, plombé par la publication d'indicateurs décevants en Chine et aux Etats-Unis et par un bond des stocks américains de brut, qui ont grimpé à un niveau plus atteint depuis au moins 1982.
Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en juin a fini en baisse de 2,43 dollars par rapport à la clôture de mardi pour s'établir à 91,03 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin a terminé à 99,95 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en recul de 2,42 dollars par rapport à la clôture de mardi. Il retombait ainsi sous 100 dollars, seuil sous lequel il n'était pas descendu depuis une semaine.
Le prix du pétrole, qui avait déjà été miné mardi par des nouvelles maussades sur la zone euro et les Etats-Unis, a été malmené dès le début de la séance par des données économiques de mauvais augure pour la vigueur de la demande énergétique.
"Les chiffres sur la production manufacturière chinoise qui sont sortis hier soir ont fortement ébranlé les cours des matières premières, y compris le pétrole", a ainsi remarqué Bill Baruch, de iiTrader.com.
La production manufacturière dans ce pays s'est en effet légèrement tassée en avril par rapport à mars, signalant un ralentissement relatif de l'activité dans la deuxième économie mondiale.
Or les marchés asiatiques "sont ces dernières années le moteur de la croissance de la demande de brut" et tout ralentissement économique en Chine pourrait freiner la consommation mondiale d'or noir, a remarqué James William, de WTRG Economis.
A cela se sont ajoutées l'annonce par la société ADP d'une baisse des créations d'emplois dans le secteur privé en avril aux Etats-Unis, ainsi que la publication d'un nouveau repli de l'activité manufacturière en avril dans le pays.
Alors que l'activité du marché était ralentie en ce 1er mai, férié dans plusieurs pays, ces nouvelles maussades ont incité les investisseurs "à effectuer des prises de bénéfices", selon M. Baruch.
Le recul des cours a été accentué par la publication en cours de séance des chiffres hebdomadaires du Département américain de l'Energie (DoE) sur les réserves de pétrole aux Etats-Unis.
Les stocks de brut y ont effet progressé de 6,7 millions de barils lors de la semaine achevée le 26 avril, huit fois plus que ce qu'attendaient les analystes. Ils atteignent ainsi leur plus haut niveau depuis que les autorités américaines ont commencé à diffuser ces données hebdomadaires, en 1982.
Ce niveau record "traduit la croissance de la production pétrolière dans le pays (ces dernières années) grâce à l'exploitation du pétrole de schiste", a remarqué Matt Smith de Schneider Electric. "Cela indique qu'on est en plein dans un boum pétrolier", a-t-il ajouté.
Les réserves de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage) ont de leur côté augmenté de 500'000 barils, un peu plus que prévu, tandis que les réserves d'essence, très surveillées avant la saison estivale des grands déplacements en voiture, reculaient de 1,8 million de barils.
Mais le rapport du DoE a aussi indiqué que la consommation de produits distillés a diminué de 3,7% par rapport à la même période en 2012, et celle d'essence de 1,8%. Cette faible demande de produits transformés "est très négative pour les perspectives de consommation de brut", a remarqué M. Williams.
rp
(AWP / 02.05.2013 06h21)