Le brut chute sous 100 dollars à Londres, indicateurs décevants
Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin valait 99,11 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en recul de 3,26 dollars par rapport à la clôture de mardi. Il retombait sous 100 dollars, seuil sous lequel il n'était pas descendu depuis une semaine.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait 3,13 dollars à 90,33 dollars.
"Les statistiques très décevantes publiées en Chine puis aux Etats-Unis (les deux principaux pays consommateurs de brut de la planète) ont donné le ton des échanges, et incité les investisseurs à se désengager des actifs à risque, d'où ce mouvement de vente massive sur le pétrole", expliquait Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden.
Ainsi, l'indice PMI des directeurs d'achat publié mercredi par les autorités chinoises s'est établi en avril à 50,6, contre 50,9 en mars, à un niveau plus bas qu'attendu et qui se rapproche encore un peu plus du niveau de 50 qui marque la limite entre contraction et progression de l'activité.
"Ce tassement de l'activité manufacturière en Chine confirme à nouveau le ralentissement de la croissance économique du pays", et montrent que le géant asiatique n'est plus à même de stimuler la demande pétrolière mondiale, observaient les analystes de la maison de courtage PVM.
Dans des volumes d'échanges modérés, en l'absence de nombreux opérateurs européens à l'occasion du 1er mai, les cours du baril ont encore accéléré leur repli en début d'échanges américains après la diffusion d'indicateurs moroses aux Etats-Unis -- de loin, le premier consommateur d'or noir au monde.
Selon l'enquête de la société de services informatiques ADP, les embauches ont nettement diminué en avril dans le secteur privé aux Etats-Unis, enregistrant la plus faible expansion de créations d'emplois depuis septembre -- des chiffres de mauvais augure avant le rapport officiel mensuel sur l'emploi attendu vendredi, baromètre majeur pour jauger la vigueur de la première économie mondiale.
De plus, comme en Chine, l'activité des industries manufacturières a continué de ralentir aux Etats-Unis en avril, selon l'indice des directeurs des achats de ce secteur publié mercredi par l'association professionnelle ISM, qui a reculé plus qu'attendu.
"Enfin, les chiffres hebdomadaires du Département américain de l'Energie (DoE) ont fait état d'un nouveau bond important des stocks de brut dans le pays -- ce qui pose de sérieuses questions sur la solidité de la demande", dans un marché hanté par surabondance persistante d'or noir aux Etats-Unis, ajoutait Mme Sokou.
Selon le DoE, les réserves américaines de brut ont progressé de 6,7 millions de barils lors de la semaine achevée le 26 avril, huit fois plus que ce qu'attendaient les analystes, atteignant un sommet depuis au moins 1982.
Les réserves de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage) ont de leur côté augmenté de 500'000 barils, un peu plus que prévu, tandis que les réserves d'essence, très surveillées avant la saison estivale des grands déplacements en voiture, reculaient de 1,8 million de barils.
"Les volumes d'échanges quand même plus étiques qu'à l'habitude ont eu tendance à accentuer le plongeon des cours", certains investisseurs pouvant par ailleurs être tentés de réaliser quelques prises de bénéfices après le net rebond des cours enregistré la semaine précédente, observait Myrto Sokou.
Dans un marché marqué ces derniers jours par un regain d'inquiétudes sur la conjoncture mondiale, le Brent, plus sensible à la demande en Asie et en Europe, continuait de réduire l'écart avec le WTI coté à New York -- plus dépendant du marché intérieur américain. La différence entre les deux cours de référence est tombée mercredi sous 8,50 dollars, l'écart le plus bas depuis fin 2011 (cet écart était d'environ 20 dollars fin février).
Les investisseurs attendaient par ailleurs mercredi une décision de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui pourrait maintenir le cap de sa politique monétaire ultra-accommodante, normalement susceptible de stimuler les marchés des matières premières.
rp
(AWP / 01.05.2013 18h36)