Le brut dégringole de plus de deux dollars à New York et à Londres
(reprise de la veille)
New York - Les cours du pétrole ont dégringolé de plus de 2 dollars lundi à New York et à Londres, minés par le ralentissement inattendu de la croissance chinoise et des chiffres économiques moroses aux Etats-Unis, de mauvais augure pour la demande des deux premiers consommateurs d'or noir.
Le baril de "light sweet crude" (WTI) pour livraison en mai a lâché 2,58 dollars à 88,71 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), après avoir chuté en séance à 87,86 dollars, son plus bas niveau depuis fin décembre.
Il s'agit de la plus forte chute du marché du brut new-yorkais depuis début avril. Le brut new-yorkais a accusé au total une chute de presque 10% de ses prix depuis le début du mois.
A Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai, dont il s'agissait du dernier jour de contrat de référence, a terminé à 100,39 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en baisse de 2,72 dollars par rapport à la clôture de vendredi.
Le brut londonien a flirté en début d'échanges européens avec le seuil des 100 dollars, sous lequel il n'est pas passé depuis le 12 juillet 2012.
Une dégringolade sous ce seuil aurait "certainement précipité une nouvelle vague de ventes", a estimé M. Yawger.
"Un ensemble de mauvaises nouvelles économiques en Chine comme aux Etats-Unis (...) a pesé sur l'humeur générale du marché", a noté Dave Bouckhout, de TD Securities.
Le géant asiatique a fait part lundi d'un ralentissement de sa croissance à 7,7% en rythme annuel au premier trimestre, surprenant les analystes qui misaient sur une légère accélération, avec un produit intérieur brut (PIB) autour de 8%.
"Le PIB plus bas que prévu de la Chine implique que ses industries ne fonctionnent pas au rythme qu'avaient anticipé les analystes, et donc que la demande en brut et en métaux risque de se tasser, ce qui a ébranlé les prix", a expliqué Bob Yawger, de Mizuho Securities.
D'autre part, la hausse de la production industrielle chinoise a ralenti à 8,9% sur un an en mars et les ventes au détail n'ont progressé que de 12,6% en mars alors qu'elles avaient augmenté de 14,3% l'an dernier.
Plombant l'appétit pour le risque, ces chiffres ont provoqué une fuite des investissements dans les matières premières, précipitant les chutes non seulement des prix du brut, mais aussi du cuivre, de l'argent et de l'or qui a subi des pertes de prix d'une ampleur pas vue en plus de 30 ans.
"Notre peur est que ces chiffres occultent une réalité bien plus inquiétante encore" sur la santé de la deuxième économie mondiale, a noté quant à lui Phil Flynn, de Price Futures Group.
Aux Etats-Unis, le premier consommateur mondial d'or noir, une décélération plus forte qu'anticipé de la croissance de l'activité manufacturière dans la région de New York ainsi qu'un indicateur faisant état d'une baisse de la confiance des constructeurs immobiliers ont renforcé le dépit des investisseurs face aux perspectives de croissance mondiale.
Pour M. Bouckhout cependant, "les indicateurs économiques pèsent autant sur le Brent que sur le WTI mais la chute du Brent a été accentuée par l'expiration à la fin de journée du contrat de mai", et le transfert des positions vers le nouveau contrat de référence, pour livraison en juin.
La victoire de justesse du président par intérim du Venezuela, Nicolas Maduro, à l'élection présidentielle de dimanche pour succéder à Hugo Chavez, n'inquiétait en revanche pas le marché outre mesure, bien qu'elle soit contestée par l'opposition, qui exige un nouveau décompte des bulletins de vote.
rp
(AWP / 16.04.2013 06h21)