Le brut accentue son repli, l'emploi américain inquiète le marché
Vers 16H00 GMT (18H00 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai valait 105,85 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,26 dollar par rapport à la clôture de mercredi. Il a glissé jusqu'à 105,73 dollars vers 15H00 GMT, un niveau plus vu depuis début novembre.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" (WTI) pour la même échéance perdait 1,92 dollar à 92,53 dollars.
Les cours de l'or noir creusaient leurs pertes après avoir dégringolé mercredi de près de 3 dollars à New York, comme à Londres, leur plus fort repli quotidien en 5 mois sur une séance, après l'annonce d'un nouveau gonflement hebdomadaire des réserves de brut aux États-Unis, désormais à leur plus haut niveau depuis juillet 1990
"Les prix du pétrole ont essuyé un coup de semonce mercredi, après des chiffres sur les stocks (de brut) aux États-Unis qui ont provoqué une intensification des inquiétudes déjà vives sur la demande énergétique américaine", indiquait Andrey Kryuchenkov, VTB Capital.
De fait, si la surabondance d'or noir dans le pays (premier consommateur de brut de la planète) est de nature à peser sur les cours du baril, les opérateurs s'inquiètent également de la détérioration de la conjoncture de l'économie américaine après une série d'indicateurs macroéconomiques jugés moroses.
"Les investisseurs restent dominés par la prudence avant le rapport mensuel sur l'emploi et le chômage publié vendredi", et qui est considéré comme un baromètre crucial pour jauger la vigueur de la reprise économique du pays, "et le regain de pessimisme (à ce sujet) a accru la pression sur les cours du baril" à la suite d'indicateurs décevants, soulignait Myrto Sokou, analyste du courtier Sucden.
Pour la troisième semaine de suite, les nouvelles inscriptions au chômage ont augmenté aux États-Unis dans les derniers jours de mars, déjouant les attentes des analystes et montant à un sommet depuis fin novembre, selon des chiffres publiés jeudi, tandis que mercredi, une enquête du cabinet ADP faisait état d'un net ralentissement des embauches dans le secteur privé.
Autant de signaux jugés de mauvais augure avant le rapport officiel publié vendredi, et qui alimentaient la nervosité du marché, dont l'humeur avait déjà été assombrie plus tôt cette semaine par des chiffres du chômage record dans la zone euro.
Dans ce contexte, "les investisseurs se précipitent pour engranger des bénéfices et le Brent a effacé (en deux jours) tous les gains qu'il avait réalisés au cours du mois de mars", observait M. Kryuchenkov.
Cependant, la forte baisse des prix du baril entamée mercredi après l'annonce du fort gonflement des stocks américains de brut, "apparaît exagérée", tempéraient les experts de Commerzbank, tout en reconnaissant que le marché n'en devrait pas moins "rester sous pression à court terme".
De son côté, le PDG du groupe pétrolier français Total, Christophe de Margerie, a estimé qu'il n'y avait aucun changement de tendance sur le marché du pétrole.
"Les prix ne vont ni chuter, ni continuer à augmenter. Je pense qu'on est dans une fourchette de 105-115 dollars par baril (pour le Brent coté à Londres, ndlr) et il n'y a pas de changement. Les prix du brut sont stables", a-t-il déclaré en marge d'une conférence du secteur pétrolier à Paris.
rp
(AWP / 04.04.2013 18h33)